Le neuvième mois lunaire est censé être le mois de piété, de sérénité et de retour sur soi. Mois aussi, nous apprennent les canons de notre religion, où les démons et autres épigones de la même espèce se voient neutralisés... Mais il est de leurs suppôts ici-bas qui ne résistent pas à la tentation au quotidien pour commettre les méfaits que sont le vol à la tire, le vol à l'esbroufe, le fric-frac des voitures et autres larcins. Des délits qui deviennent une valeur refuge des rôdeurs qui s'affichent au grand jour, déjouant la vigilance de l'uniforme bleue. A croire que sidna Ramadhan rime avec vol, violence, casse et braquage. Ce qui nous a été donné, en tout cas, de constater en ce mois du repentir. Peu importe les moyens utilisés par les prédateurs, l'essentiel est de réussir le coup d'arraché minutieusement concocté à l'abri du regard des petites gens. Dans les souks populaires, des bandes organisées font dans la rapine en série et guettent au premier coup d'œil le chaland venu faire ses emplettes pour lui subtiliser la gibecière ou lui arracher le cellulaire non sans le traumatiser. Il en est de même au niveau des rues mal éclairées et autres stations de bus où le quidam peut être surpris à tout moment, le couteau sous la gorge. Au sortir de leur domicile, des filles se font agresser de bon matin. Elles crient, hurlent, mais personne à leur rescousse. Plus l'escalade de vols est criante et le nombre d'agression va crescendo. En dépit des 5000 agents de sécurité supplémentaires déployés en ce mois de solidarité pour conforter le sentiment de sécurité, le tableau ne prête pas à l'optimisme. Il ne semble pas aisé de nettoyer les repaires de ces bandes de brigands qui pullulent dans des fiefs attitrés. Des lieux qu'il n'est plus besoin de ressasser. On excelle aussi dans les formes de ruse pour soutirer le « flous ». Les professionnels du délestage, sans aucun scrupule, désignent leur victime avant de la neutraliser par un subterfuge qui se veut subtil et sans accroc : une légère bousculade qui consiste à signaler la victime avant que celle-ci ne se voit braquée plus loin, à l'arme blanche par des multirécidivistes sans foi ni loi. Des scènes qui nous renvoient à la citation d'Alphonse Allais qui cite, à tort ou à raison : « La misère a cela de bon, elle supprime la crainte des voleurs. »