Le Mouvement démocratique et social (MDS) a réussi, contre vents et marées, à tenir enfin son congrès ce samedi 30 avril au Centre international de la jeunesse de Sidi Fredj. La wilaya d'Alger avait tout fait, rappelle-t-on, pour empêcher la tenue de cette réunion organique. Les services de M. Zoukh avaient prétexté, dans un premier temps, une «non-conformité aux statuts du parti» avant d'invoquer une présumée «crise interne». «C'est un comble, car une réunion organique comme le congrès est justement faite pour trancher d'éventuelles divergences», répliquent les instances du parti. L'affaire a pris des proportions telles que le MDS a dû saisir la justice pour faire valoir son droit de réunion. Le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs a tranché en faveur du parti, un jugement conforté par une décision du Conseil d'Etat rendue le vendredi 29 avril. Malgré cela, les congressistes du MDS ont dû se contenter de la cour du Centre international de la jeunesse de Sidi Fredj pour tenir leur conclave. C'est que l'accès à la salle leur a été refusé manu militari par les services de sécurité au motif que le permanencier de la wilaya d'Alger n'a pas accusé réception de la décision du Conseil d'Etat. Qu'à cela ne tienne ! «La demande d'autorisation ne précise pas que le congrès doit se tenir dans une salle ou dans la cour», souligne un membre du bureau national du parti. «Nous avons respecté la procédure jusqu'au bout et les résolutions du parti ont été entérinées», insiste-t-il. Dans un communiqué rendu public hier, le bureau national du MDS n'a pas manqué d'alerter l'opinion sur les conditions rocambolesques ayant présidé à la tenue de son congrès : «Le congrès du MDS s'est déroulé dans le feu de l'action, c'est-à-dire dans le prolongement de l'affrontement judiciaire avec la wilaya d'Alger et, derrière elle, le pouvoir. C'est donc devant des portes closes, au Centre international de la jeunesse de Sidi Fredj, que les militantes et militants, en présence de leurs nombreux invités, représentants des forces vives de la société civile combattante, venus leur exprimer leur solidarité, ont adopté formellement les documents et la direction qui leurs étaient soumis. Hamid Ferhi, Yacine Teguia et Fethi Gharès sont respectivement désignés coordinateur, secrétaire général et porte-parole national.» La direction du parti déplore dans la foulée le peu de considération dont jouit l'institution judiciaire dans notre pays : «L'indépendance de la justice est ineffective puisque les décisions successives du tribunal administratif et du Conseil d'Etat, en faveur de la tenue du congrès du MDS, n'ont pas été appliquées. L'arbitraire a prévalu, il se cache maintenant derrière un caractère prétendument respectueux de l'institution judiciaire. Les garanties légales en matière de droits et libertés restent des vœux pieux, tandis que la répression affirme s'exercer dans le cadre de la loi. Nous voici confrontés à une forme renouvelée du despotisme : l'Etat punitif.» Accès refusé à la salle malgré l'aval du Conseil d'état Et de dénoncer les agissements des services de sécurité qui ont obligé donc les cadres du MDS et leurs invités à faire leur réunion en plein air, contre l'avis du Conseil d'Etat : «La gendarmerie et la police ont refusé de faire appliquer les jugements qui étaient présentés. Le manque de sens de l'Etat est flagrant. Il était pourtant de leur devoir de se substituer au défaut de l'administration. En effet, les responsables de la wilaya et même le permanencier étaient absents et ne pouvaient pas délivrer d'autorisation administrative sur la base du jugement rendu vendredi par le Conseil d'Etat. Les services de sécurité ont agi comme les relais d'une décision politique voulant interdire le congrès, par la force de la loi ou par la ruse. Toute tentative de résister à ce déni de justice serait passée pour un trouble à l'ordre public. Or, la wilaya d'Alger faisait prévaloir que la tenue du congrès constituait un risque pour la sécurité. Les congressistes ont ôté au pouvoir ce prétexte par un comportement hautement responsable et en affichant la plus grande sérénité face à cette nouvelle tentative d'entraver la reconnaissance légale du MDS et de sa direction.» Dans sa résolution finale, le parti prend acte de ces entraves et relève : «Les ingérences pèsent sur les instances du MDS dans le sens et au rythme de la reconfiguration autoritaire que le pouvoir veut imposer à l'ensemble du champ politique. Dans le même moment, ce pouvoir se montre complaisant et laxiste en direction des prédateurs qui pillent le pays, en droite ligne de sa compréhension envers l'islamisme assassin qui l'avait mis à feu et à sang. Il met ainsi à nu les intérêts qu'il incarne, ceux liés au national-libéralisme qui refusent de rompre avec la rente et œuvrent à saper toute idée d'Etat de droit impliquant qu'ils doivent rendre des comptes.» Et la direction du parti de conclure : «En ce 1er Mai, jour de célébration des travailleurs et de leurs luttes, le MDS s'inspire de leur héroïque combat et de leurs sacrifices inlassables face à l'injustice et à la violence de ceux qui exploitent le travail et lui dénient tous ses droits, à commencer par son indépendance et sa dignité. Il réaffirme sa détermination à porter au plus haut les valeurs de progrès, de liberté, de justice et de démocratie. Celles que les salariés de notre pays et du monde entier assument avec le plus de conséquence.»