Certains au long cours et de renom, d'autres en quête de confirmation ou d'étoiles. Quel bilan établir à l'issu de ces neuf rendez-vous ramdhanesques d'une manifestation organisée pour la première fois dans trois styles de musique andalouse, malouf et chaâbi regroupés en une seule : la musique citadine ? Les professionnels et les néophytes, venus en spectateurs et même en organisateurs, ont apparemment trouvé ce qu'ils étaient venus chercher. Dans les coulisses ou dans les couloirs des pas perdus, à l'hôtel de résidence des artistes ou sur le perron du théâtre, on les a vus aux aguets, la tête pleine de questions. Il s'agissait pour eux de mieux comprendre et d'apprécier les trois styles ou celle que les uns ou les autres préfèrent. Au contact des grands maîtres de la musique citadine réunis à Annaba, à l'écoute des notes musicales des musiciens, à la lecture des écrits testaments des grands maîtres aujourd'hui disparus et affichés bien en vue dans le hall du théâtre et à travers leurs conversations et échanges d'idées et d'appréciations, ils ont mieux compris l'andalous, le malouf et le chaâbi. Ils avaient pour les orienter Driss Boudiba, commissaire du festival et directeur de la culture de la wilaya, accompagné de son équipe. Mélomanes, professionnels ou néophytes, tous ont été accueillis par les grands noms de la chanson et de la musique andalouse, malouf et chaâbi. L'on n'en citera aucun au risque d'oublier ceux qui, durant neuf soirées, avaient fait du théâtre Azzedine Medjoubi, du Cours de la Révolution proche et des rues et ruelles du centre-ville, des lieux de rencontres, de fête et de convivialité. Comme nous ne dirons pas que ce festival a été une réussite parfaite sur toute la ligne. L'on ne se privera pas, par contre, de citer les noms de ces trois grandes dames de la musique et de la chanson de chez nous que sont Saloua, Nadia Benyoucef et Beheija Rahal. Trois dames à la prestance de reine et au sourire combien angélique qui par la voix et le geste dans leurs qacidate, noubas, istikhbar ont transmis leur message d'amour et de paix. Qui des professionnels, néophytes ou simples spectateurs, n'a pas trouvé durant ce festival ce qu'il était venu chercher pour mieux s'imprégner de la musique citadine ? Ils avaient déjà eu l'occasion de le faire quelques jours auparavant. C'était à l'occasion de la conférence-débat sur l'histoire de la musique citadine organisée par la direction de la culture. Lors du Festival, les organisateurs avaient pris la bonne initiative d'exposer des instruments musicaux, des habillements traditionnels, des portraits de grands artistes disparus et des toiles d'artistes peintres. Son, image et couleurs, la musique citadine s'était imposée sur l'ambiance ramadhanesque de la wilaya. Des centaines de spectateurs se bousculaient chaque soirée devant le portail pour avoir droit à un siège. Ils venaient des régions limitrophes Guelma, El Tarf, Souk Ahras pour savourer les trois styles de musique (andalous, malouf ou chaâbi). Les organisateurs avaient pris le soin d'en programmer un chaque soir. D'une certaine manière, ils avertissaient leurs invités (l'entrée était gratuite) que le niveau musical était élevé d'où l'ordre chronologique de passage des artistes soigneusement préparé. Le Festival de la musique citadine nous a fait oublier une culture nationale ballottée entre le goût du vieux et le désir du neuf de ses responsables. Oublier aussi ces fractures que s'évertue à nier un discours culturel convenu, fétichiste et quasi incolore. Telle qu'entendue à Annaba, la musique citadine est le reflet de notre histoire à travers les siècles. A Annaba, sur les planches du théâtre Azzedine Medjoubi, l'histoire de l'andalous, du malouf et du chaâbi s'est accélérée. Avec elle, est intervenu le jugement des mélomanes. Ainsi après avoir donné du temps au temps et beaucoup de notes tirées du solfège et de paroles venues du fin fond de nos us, coutumes et traditions, on prépare déjà la participation de la wilaya de Annaba à la grande fête avec Alger comme Capitale arabe de la culture en 2007.