Le départ des chefs de service hospitalo-universitaires sème la discorde et engendre un grand malaise au sein de la corporation. Des sources concordantes, citant une circulaire du Premier ministère datant de mars dernier, affirment que l'âge à la retraite est fixé à 70 ans, alors que le poste de chef de service est admis jusqu'à l'âge de 65 ans avec possibilité de maintien en activité jusqu'à 70 ans par dérogation pour ceux ayant des projets de recherche ainsi que ceux assurant l'encadrement. Les ministères de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les deux tutelles, temporisent pour la mise en application de la décision, bien que des arrêtés ministériels aient été signés. Les professeurs hospitalo-universitaires sont, quant à eux, dans l'incertitude. Si certains qualifient cela de «chasse aux sorcières», d'autres estiment qu'il est aujourd'hui urgent de fixer une date définitive pour le départ à la retraite avec une revalorisation de la pension de retraite au taux de 80% au lieu de 55% du salaire, comme c'est le cas aujourd'hui. Du côté du ministère de l'Enseignement supérieur, la tâche semble ardue, puisque faire appliquer la décision uniquement aux hospitalo-universitaires risque d'être jugé discriminatoire vu que les professeurs de l'enseignement supérieur sont également régis par le même statut juridique. «Dans les facultés et les universités, l'équivalent des chefs de service à l'hôpital sont les chefs de département. Il est impossible de faire partir ces responsables. Il y a peu de remplaçants de rang magistral au niveau universitaire», nous confie une source proche du dossier. Et d'avouer qu'«il est très difficile d'appliquer cela, au risque de fermer les facultés et universités, ce qui aboutira à un chaos certain». Comme c'est également le cas pour de nombreux hôpitaux et facultés de médecine et les nouveaux CHU implantés à travers le territoire national, notamment à Ouargla, Mostaganem, Béjaïa, Béchar, Laghouat, où les éléments de rang magistral se comptent sur les doigts d'une seule main. «Actuellement, il y a déjà 299 postes non occupés depuis le dernier concours de 2014, en raison de leur situation géographique. D'autres postes ont été également libérés avec le départ de la vague des 70 ans et plus. En tout, il y aura près 600 postes vacants à mettre au concours. Pourquoi alors cet acharnement», s'interroge un professeur en médecine. Le département de Abdelmalek Boudiaf, qui ne gère pas le dossier de retraite des hospitalo-universitaires, ne trouve pas, par contre, de problème à remplacer les chefs de service. Et de déplorer hier à Alger, selon l'APS, en marge des travaux d'un séminaire international sur le don d'organes, le fait que «des professeurs âgés de 65 ans s'accrochent encore à leurs postes». Et d'ajouter : «Si un professeur est sollicité par un service ou un établissement, il doit signer une convention avec le ministère de la Santé pour poursuivre son activité en tant qu'activité supplémentaire.» M. Boudiaf a signalé que 165 professeurs hospitalo-universitaires sont concernés par ce départ de la chefferie de service. Et d'appeler les concernés à «ne pas considérer cette décision comme une sanction puisqu'il s'agit d'une décision conforme aux lois en vigueur».