L'actualité sur les antipsychotiques est le thème que le collectif des psychiatres hospitalo-universitaires ont choisi pour baptiser leur premier congrès international de psychiatrie universitaire. Une journée d'information et de formation animée par des spécialistes étrangers et les principaux chefs de service des centres hospitaliers de l'Est, de l'ouest et du Centre du pays. Le thème a été traité dans toute sa complexité et sous différents aspects. Cette journée se veut un état des lieux dans le recours aux antipsychotiques, explique le Pr Boualem Semaoune, chef de service à l'hôpital de Aïn Naâdja, membre du collectif organisateur de ce 1er congrès. Ce dernier s'inscrit, a-t-il souligné, dans le cadre de l'enseignement sachant que de nombreuses nouveautés viennent enrichir l'arsenal thérapeutique dans la prise en charge des troubles du comportement. «Aujourd'hui, il est important de renforcer la formation des praticiens, notamment les généralistes d'autant plus que lors du cursus universitaire peu de temps est consacré à la spécialité. Les traitements se sont multipliés et il est important de connaître et maîtriser leur usage. Les patients souffrant de troubles psychiatriques sont traités en externe. Un suivi rigoureux est exigé», a-t-il indiqué. La consommation de ces produits est en nette augmentation, que ce soit sur avis médical ou sans, ont noté les spécialistes, c'est pourquoi il est essentiel d'accorder une grande importance à leur usage. L'addictologie ne figure pas dans les enseignements officiels, d'où l'intérêt de ce genre de rencontre scientifique pour justement discuter et échanger les expériences, notamment avec les spécialistes étrangers. D'ailleurs, le collectif ne compte pas s'arrêter là. Trois sociétés savantes, dont la société algérienne de psychiatrie biologique, la Société algérienne de psychiatrie universitaire et la Société algérienne d'épidémiologie psychiatrique ont été créées à l'issue des travaux de ce premier congrès. «Tous les spécialistes sont les bienvenus dans notre organisation, a lancé d'emblée le Pr Madjid Tabti, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital de Chéraga. Notre objectif est d'associer tous les psychiatres sans exclusive, notamment les jeunes résidents», a-t-il signalé et de préciser que ce premier congrès consacré aux antipsychotiques s'inscrit dans le cadre de la formation continue car des molécules de nouvelle génération sont arrivées et avec une meilleure efficience qu'il faut absolument connaître et aider à soulager le patient. «Comme il est aussi important aujourd'hui d'identifier le profil épidémiologie de cette pathologie, son impact et son ampleur à travers des enquêtes pour une meilleure prise en charge des patients algériens. C'est pourquoi nous sollicitons tout le monde à contribuer dans le cadre de ces nouvelles Sociétés savantes afin d'atteindre cet objectif», a-t-il encore souligné. Pour le Pr Benatmane Mohand Tayeb, chef de service au CHU Mustapha Bacha, revient sur la prise en charge d'un trouble important qui est la dépression, pour lequel un ouvrage a été consacré pour la première fois en Algérie et rédigé par une trentaine de psychiatres. Un outil pédagogique, explique le pr Benatamane, dédié aux étudiants en formation, en graduation et en post-graduation qui revient sur tous les aspects de la dépression. Revenant sur la sémiologie des états dépressifs dans l'ouvrage, le Pr Benatmane précise que cette maladie dont la prévalence varie entre 1,5 à 2% dans le monde, reste tout de même stable chez nous. Il explique que «la dépression n'est pas une maladie isolée, mais un état. 10 à 15% des dépressifs font une tentative de suicide. La prise en charge est donc importante dès le premier diagnostic car à chaque rechute la tentative est omniprésente». Les signes, a-t-il encore précisé, sont souvent révélateurs de ce trouble de comportement. «Les premiers troubles annonciateurs sont d'abord les troubles du sommeil dans la qualité et la quantité, les troubles de caractère, la tristesse, l'indifférence, l'isolement, le ralentissement psychomoteur, etc. «Le diagnostic est souvent bien posé et les traitements sont aujourd'hui disponibles pour la prise en charge de ces troubles. Mais il ne faut pas passer à côté de la dépression masquée chez les personnes âgées qui sont vulnérables. Le rôle du médecin généraliste est donc très important», a-t-il encore déclaré. La dépression constitue une cause majeure de souffrance psychologique et de handicap fonctionnel, note le Pr Mohamed Taleb, le coordinateur de l'ouvrage La dépression, un problème de santé publique. Cette pathologie sera un lourd fardeau dans les années à venir, d'ici 2020, selon l'OMS, elle sera la pathologie la plus forte de morbi-mortalité. La dépression est aujourd'hui définie comme le résultat d'un dysfonctionnement cérébral. Une enquête réalisée en 2000 réalisée dans le grand-Alger a montré que 30% de la population algéroise souffrait de symptômes dépressifs suite à la décennie noire.