Pour le secrétaire général du RND, le phénomène des empires médiatiques et le monopole des médias suscitent les appréhensions pas seulement en Algérie, mais aussi dans d'autres pays. Dans sa première sortie médiatique après son plébiscite, il y a quelques jours, à la tête du RND, Ahmed Ouyahia est revenu hier, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti, sur plusieurs sujets d'actualité. Il était avare sur certaines questions et très évasif sur d'autres, tels l'affaire El Khabar et le cas Chakib Khelil. A propos de la transaction effectuée entre le groupe El Khabar et Issad Rebrab, Ahmed Ouyahia a d'abord salué le travail du journal arabophone, qu'il qualifie de «grand» et d'«exploit pour l'Algérie». Seulement, Ouyahia accuse Rebrab d'avoir politisé l'affaire par ses propos appelant au départ du régime. «Rebrab a politisé cette affaire. C'est lui qui a dit que ce pouvoir doit partir. Je vous rappelle que je fais partie de ce pouvoir. Je ne vais tout de même pas applaudir», a noté le conférencier, qui pense qu'un homme d'affaires devrait rester homme d'affaires et que la presse doit rester la presse. Pour lui, le phénomène des empires médiatiques et le monopole des médias suscitent des appréhensions pas seulement en Algérie, dans d'autres pays aussi. Ouyahia n'en dira pas plus sur ce dossier, arguant qu'il n'a pas pour habitude de commenter une affaire qui est en justice. «Chakib Khelil est rentré dans son pays» S'agissant du cas Chakib Khelil, Ouyahia a montré une certaine gêne à répondre à la question. «Je me suis déjà exprimé sur le sujet, je n'ai plus rien à ajouter. Qu'on n'attende pas une autre réponse de moi sur cette affaire. Khelil est un citoyen algérien, il est dans son pays, un point c'est tout», tranche le chef de cabinet de la Présidence. En revanche, il s'est dit prêt à répondre à la justice algérienne si elle venait à le convoquer pour écouter son témoignage dans l'affaire Sonatrach 2, si jamais l'ex-ministre de l'Energie était inculpé. «Je suis un justiciable, dès lors, cela relève de mon devoir», a-t-il assuré. Sur un autre sujet portant sur la santé du Président, à la question «pourquoi le tweet de Manuel Valls a suscité l'indignation des institutions de l'Etat», selon Ouyahia, le ministre français a commis une «énorme indélicatesse». Et d'ajouter : «Le tweet de Valls n'a rien appris de nouveau aux Algériens. Tout le monde sait que le chef de l'Etat est malade et diminué, ce n'est un secret pour personne. Le Président n'a pas la santé d'avant 2012. Mais le peuple l'a réélu en 2014.» Ouyahia assure que le tweet ne va nullement affecter les «relations stratégiques entre les deux pays». Justement à propos de ces relations, Ouyahia dira qu'elles sont chargées par le poids du passé et que les intérêts des deux pays «ne peuvent être niés que par des démagogues». Evoquant la situation économique, le conférencier n'a pas caché son inquiétude, tout en mettant en garde contre le retour à l'endettement extérieur en rappelant les dures années qu'a traversées l'Algérie. «Le risque existe. Il est là.» De l'avis du secrétaire général du RND, la meilleure manière de faire face à la crise est de réhabiliter le travail pour barrer la route à l'import-import, de lutter contre la fraude et l'informel et de réviser la politique des subventions sans affecter le principe de la solidarité nationale. «Le gouvernement ne fait pas dans le populisme» Le patron du RND s'est défendu d'avoir critiqué le gouvernement ou de l'avoir accusé de «populiste». «C'est faux, le gouvernement ne fait pas dans le populisme. C'est bien l'opposition qui le fait», a-t-il ajouté. Mais pour lui, le rôle de l'opposition est important dans le contexte actuel. Par ailleurs, Ouyahia a dénoncé les agissements de Ferhat Mehenni, qu'il qualifie de «mercenaire à la solde d'intérêts étrangers», assurant que «les Algériens n'accepteront jamais qu'il soit porté atteinte à l'unité nationale». «Dans une guerre classique, on trouve des mercenaires et dans une guerre subversive, on trouve aussi des mercenaires et je trouve que Ferhat Mehenni, malheureusement, à son âge avancé, s'est retrouvé comme un mercenaire d'une cause étrangère et non pas un mercenaire d'une prétendue cause de la Kabylie», assène-t-il, en affirmant qu'«il existe aujourd'hui des forces étrangères qui ont des comptes à régler avec l'Algérie et aussi des Algériens qui ont pris position contre leur pays». A une question sur ses rapports avec le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, Ouyahia a répondu qu'il n'avait aucun problème avec lui, ajoutant que le FLN reste «un allié stratégique» pour le RND. Pour ce qui est du coût du congrès du RND, il a révélé que ce rendez-vous a coûté 10 milliards de centimes, estimant que c'est une somme importante que le parti a voulu mettre à profit en transformant ce congrès extraordinaire en congrès ordinaire.