Si on a pris l'habitude de voir Alger, ville amorphe en soirée, le mois de Ramadan est une occasion de voir les espaces publics renouer avec le beau monde. Aussi, que cela soit dans les salles ou dans d'autres endroits en open air, les gens y affluent pour décompresser et changer d'air et de décor. Depuis deux années, certaines initiatives sont prises pour tenter de renouer avec les traditions d'antan, où la musique du terroir meublait les qaâdate des cafés. L'association culturelle En Noudjoum, de concert avec les bonnes volontés, a pris le taureau par les cornes pour rassembler les mélomanes autour de soirées conviviales qu'agrémentent les artistes affirmés et de jeunes talents émergeants sur la scène artistique. En ce mois ramadanesque, le théâtre des opérations est El Bahdja, suivi d'une animation bon enfant dans la placette de Soustara et au cercle de l'Usma. Mais d'aucuns voient dans le chaâbi et son ancêtre l'andalou comme des corps étrangers greffés dans la société algérienne. Mais notre bonhomme, dont le chaâbi n'est pas en odeur de sainteté, met gauchement en avant la nuisance acoustique qui importune les gens, dérange les malades et empêche le petit de dormir. Ce petit que nous voyons en ce Ramadhan et à une heure tardive de la nuit dehors à gambader et triturer son vélo au moment où son papa regarde une émission ayant trait à l'éducation des enfants sur TF1 ! Nous devons tous un respect envers le voisinage, nous n'avons guère le droit de perturber la quiétude de l'autre, d'autant que les préceptes de l'Islam nous le recommandent vivement et clairement en largeur, en longueur et en volume. Mais notre bonhomme serait-il tant soucieux de voir son voisinage à l'abri du « tapage » nocturne qu'offre la musique haouzie, aâroubie et medh qu'il ne porte pas dans son cœur ? Une musique qu'il tente de bâillonner à sa manière. Dans lequel cas, a-t-il les portugaises ensablées sur la nuisance causée par les effets sonores cacophoniques des chebs et chabate du raï, débités à coups de décibels le long de l'été sur nos terrasses incommodant la douce tranquillité des petites gens ? Là, notre bonhomme ne préfère pas broncher. Quant à nous, nous nous interrogeons qui est l'intrus ?