L'eau est la source de toute vie. Plus précieuse que toutes les ressources de la Terre, elle est, par sa rareté, devenue un enjeu stratégique. Devant cet état de fait, l'homme a inventé des procédés et des techniques pour limiter les pertes, récupérer ce qui peut l'être, et économiser cette ressource. Barrages, réseaux d'alimentation, systèmes de récupération des eaux pluviales, stations d'épuration et de dessalement, ou carrément transport d'icebergs, toutes les possibilités sont exploitées. De ces innovations, des métiers sont nés. A l'Institut de formation spécialisé en contrôle de qualité des produits agroalimentaires de Blida, le BTS en traitement des eaux commence à faire des émules. «Mal connue avant, cette spécialité commence à être très demandée par les stagiaires», s'en réjouit Mme Louadj, enseignante de la spécialité. Sur le tableau blanc, le cours du jour est consacré à la présentation d'une petite station de traitement des eaux. «L'essentiel de la formation devrait se faire sur le terrain», prône la formatrice. Le rôle du technicien supérieur en traitement de l'eau est chargé de contrôler la qualité du liquide. Cela porte d'abord sur la recherche des micro-organismes, particulièrement les bactéries et les virus qui peuvent nuire à la santé de l'homme, ses ressources, ses animaux et ses cultures. «Durant la formation, on apprend aux stagiaires les différentes méthodes de traitement des eaux. Toutes les eaux : celles de surface, les souterraines, potables, usées ou encore industrielles», instruit Mme Louadj. Pendant les 30 mois du cursus dont six en stage pratique, les apprenants devront suivre les enseignements indispensables dans des spécialités lourdes. Chimie générale, analytique et organique, traitement des eaux, environnement, pollution et eaux usées, techniques d'analyse…etc, le programme est chargé. Dans le riche laboratoire de l'établissement, des stagiaires concentrés scrutent au microscope l'évolution de certaines bactéries dans un milieu préparé. «Je suis passionné par le côté pratique. J'adore manipuler la verrerie et regarder la transformation des milieux», s'enthousiasme un jeune apprenti en tablier blanc. Le traitement des eaux est une activité plus complexe que ce qu'on peut imaginer a priori. Pour avoir une eau claire, saine qui coule du robinet, de nombreux contrôles préalables sont effectués. En plus de la recherche de bactéries et autres virus nocifs, il s'agit également de mesurer les paramètres physico-chimiques tels que le PH (potentiel hydrogène), la température, l'oxygène dissous, le nitrate, l'azote, le phosphore, les métaux lourds, pesticides et autres. Et si on a tendance à résumer ces contrôles à la seule eau potable, il faut savoir que les techniciens supérieurs en traitement des eaux scrutent également celles industrielles. L'Insfp de Blida est spécialisé dans le contrôle des produits ; donc, en termes de contrôle justement, il prend particulièrement en considération le traitement des eaux industrielles pour l'industrie agroalimentaire. «La bonne qualité de l'eau est primordiale dans cette industrie. Il ne s'agit pas seulement d'éviter les maladies, mais il faut savoir que l'eau influe considérablement sur la qualité du produit, sur le goût même», précise Mme Louadj en assurant qu'actuellement la grande majorité des entreprises ont installé leurs propres laboratoires d'analyses. Une bonne information que les apprentis ont saisie au vol. C'est, bien sûr, pour eux, synonyme de disponibilité de postes de travail. Amusée, l'enseignante rassure ses élèves. «Ne vous inquiétez pas, votre spécialité est prisée partout et dans tous les domaines : l'industrie pharmaceutique, les détergents, l'alimentaire, les cosmétiques et autres ; car l'eau est partout», fait-elle remarquer. Par ailleurs, le traitement et le contrôle de la qualité de l'eau sont présents également au niveau de plusieurs institutions et entreprises de l'Etat. Des services d'hygiène des Apc, daïras et wilayas aux entreprises d'AEP en passant par les stations d'épuration et celles de dessalement de l'eau de mer. «Sincèrement, je ne m'inquiète pas pour mon avenir professionnel. J'ai opté pour cette spécialité par choix. Je sais qu'au pire je trouverai un poste au niveau de ma commune», assure l'un des stagiaires en début de cursus. Questionnée sur les normes algériennes appliquées justement au traitement des eaux, l'enseignante est catégorique. «Nous sommes aux normes internationales. Les nôtres sont meilleures que celles en cours dans la plupart des pays africains», déclare-t-elle en spécialiste du domaine. Seulement, reconnaît-elle, reste le problème du traitement des eaux usées. «Ce traitement coûte très cher. Utiliser les produits organiques ou par bioaccumulation prend beaucoup de temps, cela reste très lent. Et nous, Algériens, nous sommes impatients. On veut des résultats tout de suite», regrette-t-elle. Plus qu'un simple métier de contrôleur, le traitement des eaux est une spécialité de santé publique. Une fois les BTS en traitement des eaux de l'INSFP de Blida diplômés, ils auront la lourde tâche de garantir la conformité et la potabilité de l'eau, source d'un large éventail de maladies et pas des plus anodines. Il s'agit du choléra, de l'hépatite, du paludisme et d'autres affections dont le simple énoncé refroidit l'ardeur des plus assoiffés. Ces stagiaires sont formés en fait pour laver l'eau.