- Zohra Drif, moudjahida, ancienne sénatrice : «Il y a violation flagrante des règles de droit» «Je pense que c'est un devoir de patriote de soutenir El Khabar parce qu'il y a une violation flagrante des règles de droit. Et c'est d'autant plus grave que c'est le législateur lui-même qui est en train de violer les règles qu'il a édictées, d'une part. D'autre part, cette violation touche à la liberté d'expression qui est la base, le fondement de tout Etat de droit. Donc pour moi, c'est un devoir d'être aujourd'hui ici, avec toutes celles et tous ceux qui veulent que ce pays soit celui que les hommes de Novembre 1954 ont rêvé et pour lequel ils n'ont pas hésité d'aller à la mort. Nous leur devons d'être aujourd'hui toujours mobilisés pour que notre Algérie devienne cette République démocratique, populaire et sociale pour laquelle sont morts beaucoup de jeunes qui ne voulaient pas vivre sous le joug du colonialisme.» - Khalida Toumi, ancienne ministre : «La pluralité est menacée» «Je suis là en tant que citoyenne attachée à un droit fondamental, à savoir le droit à une information libre et plurielle. Si la liberté de l'information et la pluralité sont menacées, tout le reste des libertés est menacé. Il n'y a pas de pluralisme politique ni d'expression sans le support de presse qui est garanti par la liberté d'informer. Je suis là, égoïstement, en tant que citoyenne attachée à ses droits. Je suis là parce que je suis reconnaissante et que je n'oublie pas l'histoire de mon pays. La liberté d'information, le pluralisme ont été arrachés par le peuple algérien à travers le combat de journalistes algériens. Nous voulons que la liberté de la presse, le droit à l'information soient sacrés dans notre pays. Je rappelle que sur cette affaire, il y a un avis autorisé, qui est celui de maître Ksentini, lequel nous dit que l'affaire El Khabar-NessProd est tout à fait légal et il le démontre. Je suis très positive. Je dis au gouvernement : il n'est pas honteux de se tromper et il n'est pas honteux de corriger ses erreurs. Cela grandirait le gouvernement.» - Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT : «Les provocateurs menacent l'Etat» «C'est d'abord un devoir de patriotisme d'être ici avant de parler de démocratie. Parce que, hélas, au fur et à mesure que le temps passe, nous perdons des espaces de démocratie acquis en Octobre 1988 par le sacrifice d'au moins 500 jeunes, dont un journaliste, Sid Ali Benmechiche, tombé parmi les premiers. Si aujourd'hui, on laisse l'assassinat d'El Khabar se faire, demain, plus aucun organe de presse ne pourra définir en toute indépendance sa ligne éditoriale. Ce sera la mise au pas totale des médias et donc des partis politiques, parce que s'il n'y a pas liberté de la presse, donc pas de partis politiques. S'il n'y a pas de liberté de la presse, le multipartisme ne servirait plus à rien, les partis seraient réduits à parler à eux-mêmes. Pour nous, ceux qui menacent l'Etat, ce ne sont pas les média libres et indépendants qui font dans la critique, qui recherchent la vérité et des solutions algériennes. Ceux qui menacent l'Etat sont ceux qui organisent des provocations, comme cette agression contre El Khabar, et ceux aussi qui organisent le siphonnage des fonds publics. Tout le monde sait ce qui se passe au niveau de l'ANEP... Nous nous taisons parce que nous considérons que l'image de notre pays est malheureusement au ras des pâquerettes. Avec une telle agression, les choses vont s'aggraver.» - Abdelaziz Rahabi : «Il y a absence de base légale» «Il ne faut pas isoler le problème de la conjoncture politique actuelle : une fin de règne, une incertitude sur la succession de Bouteflika, la démultiplication ded centres de pouvoir, l'opacité, l'absence de visibilité des institutions avec un Conseil des ministres qui ne se réunit pas, etc. On revient au problème central, le problème de la liberté d'expression en Algérie est politique, ce n'est pas un problème juridique. Au moment de ma nomination en tant que ministre, j'ai pris conscience que la base légale de l'exercice de ma fonction était absente. Donc c'est pour cela que j'ai introduit un texte sur la publicité, qui a été voté par l'APN. J'ai déposé un projet de loi sur le sondage. Le journalisme est mis au service du politique et il est à sa merci. Même le magistrat n'a pas de cadre légal. Je suis persuadé que l'intrusion de la presse comme pouvoir dans la configuration des pouvoirs traditionnels en Algérie pose problème aux autorités.» - Soufiane Djilali, président de jil jadid : «Contre les manœuvres politiciennes» «Notre présence aujourd'hui parmi les citoyens est une manière d'exprimer notre attachement à la liberté de la presse et d'expression. El Khabar est visé par une manœuvre politicienne pour réduire l'espace d'expression en dehors du pouvoir lui-même. Le pouvoir utilise la justice pour briser tout centre d'influence de l'opinion publique qui ne soit pas sous son contrôle. Sur le procès, il n'y a pas de doute que c'est une opération politicienne qui n'engage pas que le ministre, mais l'ensemble du gouvernement. C'est une opération qui a été réfléchie pour détruire un journal rebelle au pouvoir.»