Le président du Haut Conseil islamique (HCI), Cheikh Bouamrane, est décédé hier à l'âge de 92 ans des suites d'une longue maladie, a fait part sa famille. Le défunt sera inhumé aujourd'hui après la prière de vendredi au cimetière de Sidi Fredj, à Alger. Cheikh Bouamrane était à la tête du HCI depuis le 31 mai 2001. Né à El Bayadh, il avait rejoint l'école coranique dès son plus jeune âge avant de poursuivre ses études et obtenir un certificat d'études primaires en 1938. Il s'est rendu, par la suite, en France où il a obtenu le doctorat de philosophie à la Sorbonne en 1956. Après l'indépendance, Cheikh Bouamrane a exercé comme professeur à l'institut de philosophie à l'université d'Alger, dont il devient, par la suite, directeur. Il a également occupé plusieurs postes de responsabilité, dont celui de conseiller au ministère de la Culture en 1990, puis ministre de la Communication et de la Culture en 1991. Il a aussi présidé l'Union des écrivains algériens de 1995 à 1996 avant d'être désigné à la tête du HCI depuis 2001. Il a publié une dizaine d'ouvrages et de traductions consacrés à la liberté humaine, à la pensée islamique ou à l'Emir Abdelkader. En 2008, il s'en est pris à la gestion de l'argent de la zakat et à la création de Dar el ifta, une institution officielle chargée des fatwas, à l'instar d'Al Azhar et de Zitouna, qu'il assimile à une diversion pour créer une organisation parallèle au HCI. A cette époque, il a aussi tenu tête à l'ancien ministre des Affaires religieuses : «L'argent de la zakat doit être destiné exclusivement aux pauvres et nécessiteux, l'investir est illicite.» Mais il n'a jamais eu le dernier mot. En 2010, on se souvient de son coup de gueule sur la peine de mort. «La peine de mort ne peut être abolie en toute circonstance. La sanction est un des fondements de la religion islamique», avait-il insisté dans un entretien à El Watan Week-end. Le 23 avril, un hommage lui a été rendu par l'association Les amis de la Rampe Louni Arezki à Alger, car il fut l'un des premiers instituteurs algériens ayant exercé dans un établissement scolaire du quartier algérois éponyme durant la période coloniale. «Bien qu'il ait occupé le poste de président du HCI, Bouamrane n'était pas un mufti, mais plutôt un spécialiste de l'histoire de la pensée islamique. C'est vrai, il n'a pas été très favorable au soufisme dans ses tendances réformistes, j'estime néanmoins qu'il était modéré dans ses propos concernant l'islam et l'image qu'il en donnait, et que son décès est sans doute une perte pour l'Algérie et la culture algérienne», affirme Saïd Djablkheir, chercheur en soufisme.