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Siège parlant
Parution . «Un fauteuil sur la seine» de Amin Maalouf
Publié dans El Watan le 04 - 06 - 2016

Un écrivain digne de ce nom doit toujours se montrer original et surprendre ses lecteurs à chaque nouvelle parution.
C'est ce que fait toujours Amin Maalouf dans la construction de son œuvre entamée avec Les Croisades vues par les Arabes, paru en 1983. Dix années plus tard, en 1993, il décroche le prix Goncourt pour Le rocher de Tanios, avant d'entrer en 2011 à l'Académie française. C'est justement cette distinction prestigieuse qui sert de trame à son nouvel essai, Un fauteuil sur la Seine.
Amin Maalouf, qui a expliqué dans ses différentes interventions publiques son amour pour les encyclopédies, prouve encore une fois que sa curiosité est toujours en alerte, ce qui le pousse à aller vers des contrées insoupçonnées. En effet, puisque chaque académicien dispose, jusqu'à sa mort, d'un fauteuil numéroté de un à quarante, il nous propose de faire connaissance avec les dix-huit autres élus qui l'ont précédé sur le fauteuil n° 29 qu'il occupe depuis maintenant cinq ans. Pour rappel, le prédécesseur de l'auteur n'est autre que le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss.
Mais, Amin Maalouf remonte dans la mémoire des lieux et gratte sous ce fauteuil capitonné pour nous donner à lire l'histoire de France sur quatre siècles. Il faut rappeler que l'Académie française a été fondée en 1635 par le duc de Richelieu. L'auguste institution a toujours suscité la controverse et l'envie car elle ne laisse personne indifférent.
Même si elle ne rétribue pas ses membres, les privilèges qu'elle accorde sont nombreux. Il suffit de jeter un œil sur son parc immobilier pour s'en rendre compte.
Et, pour étayer cette ambivalence qui habite les lettrés qui rêvent secrètement d'y siéger, on peut citer Flaubert qui dans son Dictionnaire des idées reçues, à l'entrée «Académie française» écrivit : «La dénigrer, mais tâcher d'en faire partie si on peut». Ce trait d'humour résume à lui seul l'état d'esprit des luttes séculaires pour accéder à «l'immortalité», celle du prestige et de la renommée. Amin Maalouf arrive à retranscrire avec bonheur les tumultes qui accompagnent chaque élection d'un membre en l'inscrivant dans l'histoire de l'époque et en truffant son propos d'anecdotes croustillantes. Ainsi, on apprend que le premier titulaire du fauteuil n° 29 s'appelle Pierre Bardin.
Elu en mars 1634, il se noya dans la Seine à peine une année après son élection. Cet infortuné académicien n'a laissé pour la postérité qu'un seul ouvrage intitulé Pensées morales, livre de morale religieuse très en vogue à l'époque. Mais celui dont se sent le plus proche l'auteur est sans conteste Joseph Michaud.
Avant même d'entrer à l'Académie française, Amin Maalouf l'avait «croisé» dans ses recherches pour écrire son essai, Les Croisades vues par les Arabes, car Joseph Michaud était l'auteur d'une histoire monumentale des Croisades qu'il n'a cessé d'étoffer tout au long de sa vie et même sur son lit de mort. Son travail a beaucoup aidé Amin Maalouf à réussir son chef-d'œuvre.
Et, voilà que par hasard, il découvre qu'il siège sur le même fauteuil que Joseph Michaud élu en 1813 et décédé en 1839. La voie royale vers l'Académie était ouverte à Victor Hugo.
Or, le grand écrivain qui voulait être Chateaubriand ou rien fut recalé lors d'une élection très serrée et on lui préféra le médecin Pierre Flourens. Il faut dire que les avancées scientifiques accomplies au XIXe siècle firent une redoutable concurrence au génie littéraire de l'époque. Et Pierre Flourens l'exprime très bien dans son discours de réception en disant : «L'union des lettres et des sciences commence, dans notre patrie, avec la langue elle-même».
Comme on le voit, l'Académie reste le reflet de son siècle et des discours moraux, sociaux et politiques qui agitent la société. Et, c'est dans la logique des choses qu'elle continue à accueillir en son sein les scientifiques qui se distinguent par leurs travaux et leurs inventions.
Ainsi, le jeudi 27 mai 1869, ce fut au tour du grand médecin Claude Bernard de s'asseoir sur ce fameux fauteuil n° 29. Au XXe siècle, d'autres figures illustres ont repris successivement ce fameux fauteuil. On peut citer l'écrivain Henry de Montherlant, élu à l'Académie en 1960. Cette distinction est venue après une œuvre prolifique commencée avec le roman La relève du matin. De Montherlant fut aussi un héros de guerre, car il avait reçu la Légion d'honneur et la Croix de guerre par sa participation à la Première guerre mondiale. Il se suicida en 1972 après avoir constaté le déclin de sa santé.
Enfin, le 27 juin 1974, c'est au tour du grand anthropologue Claude Lévi-Strauss de faire son entrée à l'Académie après une vie vouée aux voyages et à l'exploration du monde. Le célèbre auteur de Tristes tropiques était le seul à commencer un livre-bilan sur une expérience humaine d'une vingtaine d'années dans les forêts amazoniennes par le fameux : «Je hais les voyages et les explorateurs». Lui aussi avait construit une œuvre magistrale qui n'a pas encore livré tous ses secrets.
Amin Maalouf, à travers l'histoire d'un fauteuil, nous fait revivre différentes époques comme le Siècle des Lumières, la Révolution française, la vie littéraire au cours des siècles... Son ouvrage est une balade très instructive sur la Seine qui recèle un savoir historique indéniable servi par une écriture agréable et affirmée.
Slimane Aït-Sidhoum
Amin Maalouf, «Un fauteuil sur la Seine», Ed. Grasset, Paris, 2016.


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