La 19e tripartite, qui réunira aujourd'hui à Alger les dirigeants du gouvernement, de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et des organisations patronales, devrait être consacrée presque exclusivement à l'examen d'un nouveau modèle de croissance économique. Hormis de vagues projets de «réajustements à apporter au système national des retraites», cette grand-messe de concertation entre l'Exécutif et ses traditionnels partenaires ne devrait donc charrier nulle mesure sociale, comme de coutume lors des précédentes tripartites. Intervenant dans un contexte de crise financière aiguë et durable, la tripartite de cette année devrait donc servir essentiellement à faire approuver par les représentants des patrons et des travailleurs les futurs choix économiques du gouvernement, qui risquent d'être socialement douloureux compte tenu du tarissement continu de la rente pétrolière. Y sera ainsi dévoilé et débattu le contenu détaillé du nouveau modèle de croissance économique, annoncé par le gouvernement depuis plusieurs mois, comme le rapportait hier l'APS en citant un communiqué des services du Premier ministre. Les participants à la tripartite d'aujourd'hui, dont les walis, ajoute la même source, devront donc se pencher essentiellement sur les voies et moyens à même de consolider l'investissement, le développement de l'entreprise nationale et la promotion de l'emploi. Ebauchée initialement par le Conseil national économique et social (CNES) en 2012, l'idée d'un nouveau modèle de croissance économique intègre notamment des objectifs de réindustrialisation, de rigueur budgétaire, de liquidation progressive des rentes et des activités informelles, ainsi que la mise à plat du système des subventions et l'amélioration du climat des affaires, comme le précise à l'APS, le vice-président du CNES, Mustapha Mekideche. Selon lui, ce sont ces mêmes principaux axes de réformes qui constituent en substance le contenu du nouveau modèle de croissance, tel que déjà endossé par les pouvoirs publics. Lors du dernier Conseil des ministres qui s'est tenu mardi passé, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, indiquait un communiqué officiel, avait appelé avec insistance les participants à la réunion tripartite à s'engager ensemble pour l'application du nouveau modèle économique, destiné, a-t-il soutenu, «à dynamiser la croissance et l'investissement hors hydrocarbures tout en préservant la cohésion sociale». Dans une interview accordée à l'APS en novembre dernier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait pour sa part souligné que l'Algérie devait désormais aller chercher la croissance en dehors du secteur des hydrocarbures, c'est-à-dire dans la sphère économique réelle. «C'est le modèle de croissance que nous sommes en train de déployer avec une vision claire jusqu'en 2019 et nous réfléchissons pour l'élargir à l'horizon 2030», avait-il alors avancé. Quoi qu'il en soit, la réunion tripartite qui s'ouvrira aujourd'hui devrait probablement amorcer un certain virage vers davantage de rigueur budgétaire, dès lors que la crise de la rente pétrolière est bien partie pour perdurer.