Mardi, le Musée de l'homme de Paris a annoncé être favorable à la restitution «des crânes des Algériens, conservés dans le musée». Le directeur des collections au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris, Michel Guiraud, a souligné qu'il n'y a «aucun obstacle» juridique pour leur restitution. Ces restes sont «nommés» (identifiés), donc «nous considérons forcément qu'ils peuvent sortir du patrimoine et nous attendons seulement des décisions politiques», a-t-il précisé, en ajoutant que les «demandes doivent venir par voie diplomatique». Dès 2011, les responsables du musée avaient déclaré qu'ils attendaient d'être saisis par voie diplomatique. Les 36 crânes, des dons provenant de médecins militaires à l'époque de la colonisation, sont conservés dans des boîtes de carton appropriées entreposés dans une armoire métallique fermée hermétiquement. Une pétition avait demandé leur rapatriement. Les restes, des crânes secs pour la plupart, appartiennent à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif «Boubaghla», Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtchas (région de Biskra en 1849), Moussa El Derkaoui et Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui. C'est un ouvrage de Farid Belkadi, historien, publié en 2011, qui a rappelé l'existence de ces restes mortuaires. «On peut espérer que nos décideurs feront en sorte de rapatrier ces restes», estime Fouad Soufi, anthropologue et ancien conservateur aux Archives nationales. Il souligne cependant que l'existence de ces restes est connue depuis des années, mais on y a pas accordé une grande importance. «Au XIVe siècle, le retour d'une tête était un acte de paix, car en Afrique du Nord, on n'enterre pas un corps incomplet», explique notre interlocuteur.