L'habitat précaire dans la ville de Béjaïa est un point noir dont la prise en charge est décidemment problématique. Dans la haute ville, elles sont nombreuses les maisons qui menacent ruine. La wilaya qui a manifesté son engagement pour une opération d'éradication des constructions « qui portent atteinte au tissu urbain », a chargé, en avril 2006, le président de l'APC de Béjaïa de recenser celles-ci. La tâche s'est avérée cependant non sans couacs. La raison en est que la commission mise sur pied pour cela a été gelée, dévoilant du coup les enjeux qui l'entourent. En juin dernier, une commission provisoire d'enquête sur « l'habitat insalubre et menaçant ruine (bidonville) » a été créée par décision du président de l'APC sur instruction du chef de la daïra. La commission n'aura vécu finalement qu'un trimestre, avant que le P/APC ne décide verbalement de son gel suscitant le mécontentement des élus qui y siègent et se limitent aux seuls représentants du RCD et du FFS, puisque le reste de la composante de l'assemblée a claqué la porte après l'éclatement du conflit qui l'a opposée au président. Composée également des représentants de divers services de la commune (DUCH, DASC, DEM, DHE) et de la DAS, la commission devait établir la liste des « immeubles menaçant ruine et les sites de recasement provisoire » qu'elle devait faire parvenir au chef de la daïra avant le 15 juillet dernier. Les élus RCD se disent, dans une déclaration publique, « surpris, au grand dam de la population, des élus et des pouvoirs publics, par son gel par une décision inique du président de l'APC ». Une position que partagerait aussi le FFS, dont un élu a fait partie de la commission. En soulignant être à l'APC « pour uniquement servir le citoyen », le RCD, plus qu'un besoin vital d'expliquer sa présence dans une assemblée réduite, fait une objection aux reproches qui auraient été faits aux trois élus de la commission et qui seraient derrière la décision soudaine du gel. « Il nous a accusé de récupération politique », rapporte l'élu RCD, Rachid Mansouri, qui se défend, autant que ses camarades dans la commission, d'avoir des visées électoralistes. Les élections municipales de 2007 semblent mobiliser déjà les esprits et, dans la foulée, les mêmes soupçons sont renvoyés vers le P/APC que l'on voit dans l'habit d'un futur candidat en précampagne électorale. Cela dit, le chargé de la communication de l'APC minimise la portée politique de la décision du gel et évoque une simple contrainte de temps du fait que la tutelle avait mis une date butoir pour le travail de recensement (15 juillet). Pourtant « le gel a été décidé fin septembre », affirme M. Mansouri. « Les élus ont voté une délibération pour la continuité de la commission que la tutelle avait rejeté expliquant qu'on ne peut pas délibérer sur une commission créée par décision administrative », nous dit le chargé de la communication qui donne une autre motivation du gel : « C'est pour éviter de donner de faux espoirs aux gens puisque la distribution de logements n'est pas des prérogatives de l'APC. »