Le bras de fer a commencé lorsque, en avril dernier, les travailleurs — dans une action conduite par le syndicat de l'unité affilié à l'UGTA avec dépôt de préavis — sont entrés en grève en mettant en avant une série de revendications. Les travailleurs d'Aglo-béton El Kseur (Béjaïa), unité industrielle relevant de la Société des matériaux de construction (Somacob) qui emploie quelque 70 personnes, n'en finissent pas de payer les frais de leur fronde. Parce que des langues se sont enfin déliées pour contester la précarité des conditions socioprofessionnelles prévalant au niveau de cette entreprise publique, ainsi que le «mépris» et les «intimidations» dont feraient l'objet des employés, trois syndicalistes dont le secrétaire général du syndicat, Bellataf Salim, sont frappés de suspension assortie de poursuites judiciaires. «Constatant que l'administration a manqué à sa promesse d'améliorer le quotidien des travailleurs, nous avons décidé quelques semaines après la grève d'avril de reconduire notre mouvement de protestation. Et pour éviter de s'asseoir encore une fois à la table des négociations, l'employeur a suspendu trois syndicalistes et déposé deux plaintes visant la dissolution de la section syndicale», explique Bellataf Salim. Et d'enchaîner : «Pour faire peur aux travailleurs et les empêcher d'exercer leur droit à la grève, l'administration n'a pas hésité à recourir à des méthodes illégales, comme par exemple faire signer un engagement de reprise de travail aux travailleurs sous menace de suspension, alors que la justice n'a pas encore statué sur l'illégalité ou pas de la grève». Pour rappel, ce bras de fer a commencé lorsque, en avril dernier, les travailleurs, dans une action conduite par le syndicat de l'unité affilié à l'UGTA avec dépôt de préavis, sont entrés en grève, mettant en avant une série de revendications. Après une semaine d'arrêt de travail, travailleurs et employeur se sont assis à la table des négociations. A l'issue de ce face-à-face, il a été décidé de geler la grève, et en contrepartie l'administration devait prendre en charge la totalité des revendications portées par les travailleurs, notamment celles relatives au respect de la convention collective de l'entreprise, selon Belattaf Salim. Sauf que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. «Comme ils ne peuvent ou veulent pas régler la situation, ils poussent au pourrissement. Nous exigeons le retrait des plaintes, la réintégration des travailleurs et syndicalistes suspendus et la satisfaction de notre plateforme de revendications», insiste notre interlocuteur. Du côté de l'administration, c'est un autre son de cloche. «Fermeture de portail avec cadenas, empêchement physique et insultes, c'est cela que vous appelez une grève légale», s'est écrié le directeur de l'entreprise par intérim, M. Yaâkoubi, contacté par téléphone. Le responsable va jusqu'à nier l'existence même d'une plateforme de revendications. Mieux, il crie à la manipulation : «Nous nous sommes réunis avec l'union de wilaya de l'UGTA, l'inspection du travail, et tout le monde s'est étonné du motif de ce mouvement, car aucun point revendicatif n'est formulé par les travailleurs. C'est incroyable ! Et je les défie aussi de me citer un point où la convention collective n'est pas respectée. L'avenir nous le dira, mais il flotte comme une odeur de manipulation extérieure dans cette affaire.» A Béjaïa, les rares entreprises publiques encore debout connaissent les mêmes tensions. Le recours aux suspensions et aux poursuites judiciaires en situation de grève des travailleurs est presque systématique, constate-t-on.