Une plainte au pénal a donc été déposée au niveau du parquet d'Alger contre Hassan Hattab, l'ex-émir du GIA, par l'avocat de Nadia Matoub et de ses deux sœurs, pour l'assassinat avec préméditation du chanteur Matoub Lounès et tentative d'assassinat sur les personnes de sa femme Nadia et de ses deux sœurs. Elle date du 2 juin 2016 et a été enregistrée sous le numéro 16/10636. La plainte rédigée par l'avocat stipule que, le 25 juin 1998, des actes criminels ont abouti à l'assassinat du mari de la plaignante, Nadia, qui était en compagnie de ses sœurs Farida et Ouarda. Lors de cette attaque terroriste, la plaignante et ses sœurs ont subi des blessures d'une extrême gravité. Cette attaque, conduite par un groupe de terroristes, a été planifiée et exécutée par Hassan Hattab, alors émir du GIA, qui a reconnu et revendiqué publiquement l'assassinat de Matoub Lounès. C'est sur la base de ces faits que les plaignantes demandent l'ouverture d'une enquête. Nadia Matoub, que nous avons contactée par téléphone, a bien voulu nous apporter des précisions sur cette nouvelle plainte : «C'est le seul élément concret que nous avons trouvé pour demander une nouvelle instruction et relancer l'affaire. C'est une nouvelle piste dans le cadre du même crime.» Et d'ajouter que le communiqué à travers lequel le GIA, à sa tête Hassan Hattab, a revendiqué l'attentat qui a coûté la vie à Matoub Lounès n'a jamais été démenti. «Il est donc logique qu'il s'explique devant la justice pour un crime qu'il a revendiqué publiquement. Il est même très grave qu'il n'ait jamais été inquiété ni interpellé par quiconque sur ce point», ajoute-t-elle. Concernant les raisons qui ont motivé le dépôt de la plainte à Alger plutôt qu'à Tizi Ouzou, lieu du crime, Nadia Matoub précise : «Si nous avons choisi Alger c'est pour permettre à la plainte d'aboutir étant donné que Hassan Hattab y vit en résidence surveillée. De plus, cela ne fait pas longtemps qu'il a été sorti de prison pour être placé en résidence surveillée.» Nadia Matoub estime que beaucoup de raisons font qu'elle tente aujourd'hui de relancer l'affaire de l'assassinat de son mari. «Ceux qui se demandent pourquoi maintenant oublient que j'ai été atteinte dans ma chair, que j'étais gravement blessée physiquement et moralement, profondément marquée et déstabilisée. Du jour de l'attentat jusqu'à aujourd'hui, ma vie et celle de mes sœurs n'a été qu'un long cauchemar sans fin. Pour ce qui est du cheminement de l'affaire au sein de la justice, je rappelle que jusqu'à 2011, il y avait une procédure contre deux prévenus seulement. Depuis, plus aucun élément nouveau n'est apparu dans cette affaire», dit-elle. Nadia Matoub ajoute qu'elle a bien tenté de relancer l'affaire par le passé : «En 2008, par le biais de notre avocat de l'époque, Me Hanoune, nous avons bien essayé de déposer une plainte contre X pour relancer le dossier, mais elle a été rejetée. On nous a signifié que c'est le même dossier.» Et d'ajouter que quelle que soit l'issue réservée à cette nouvelle plainte, elle demeure plus déterminée que jamais à poursuivre le combat pour faire éclater toute la vérité sur l'assassinat de son mari.