Il y a une fissure sur la falaise qui surplombe la rive gauche du barrage de Koudiet Acerdoune, dans la commune de Maâla, et celle-ci avance à raison de 5 cm par semaine en moyenne, expliquait un expert, lors de la visite d'inspection et de travail que le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a effectué dans la wilaya de Bouira. Pour prévenir tout risque d'effondrement de la partie instable de la côte, un système d'alarme informatisé a même été mis en place pour alerter le chantier qui œuvre en contrebas, alors qu'en haut se poursuivent les travaux d'excavation pour aller à la rencontre de la « roche saine », celle à partir de laquelle se stabilise le terrain. Celui-ci, selon l'un des experts, se trouve à environ 30 m de profondeur. La lenteur des travaux est générée par les difficultés d'accès au chantier et non aux moyens de l'entreprise française Razel jugée importants. Le ministre, qui a écouté attentivement les exposés des experts excluant la solution du confortement du terrain en raison de l'élément d'instabilité qu'il comporte, a préconisé l'abandon des « méthodes classiques » pour opter pour les gros moyens, soit pour découper la partie instable (engins) soit pour la faire voler en éclats (explosifs). Mais la logique du terrain qui tient compte de ce paramètre géologique avantage les méthodes utilisées par l'entreprise Razel qui préfère avancer doucement mais sûrement plutôt qu'avec des méthodes peu payantes qui feraient perdre plus d'argent dans l'exécution des travaux. L'autre difficulté sur laquelle butte essentiellement l'entreprise a trait aux 2,5 millions de m3 de matériaux provenant du glissement de terrain, qu'il s'agit de transporter et de stocker en amont de l'oued. Pour l'heure, l'entreprise n'entrevoit aucune solution vu le caractère accidenté du terrain qui commande l'accès aux matériaux en question. C'est pourquoi, sur ce chantier, l'entreprise « fait du sur place » suivant l'expression de son directeur M. Arnaud. L'entreprise française, qui a repris le chantier depuis un an, a passé plus son temps dans les travaux de réaménagement sur la rive droite afin de conserver l'avance prise dans les chantiers laissés par l'entreprise précédente. C'est pourquoi, malgré les capacités et l'expérience dont peut se prévaloir l'entreprise Razel, il est impossible, du moins pour l'heure, d'accéder à l'exigence du ministre qui est la livraison de l'ouvrage hydraulique de Koudiet Acerdoune en 2006. A Bechloul, le projet de ce second ouvrage achevé, le 30 août dernier, confié à une entreprise russe en septembre 1996, a accusé 54 mois de retard, entraînant un coût de réalisation de 8 milliards de dinars. Ce retard, selon les explications du ministre, est dû en grande partie à la situation sécuritaire déplorable dans le secteur. Les travaux d'adduction ont été officiellement lancés en présence du ministre avec un délai de réalisation de 24 mois. L'impact de ces deux importants ouvrages avec celui de Oued Lakhal situé dans la daïra de Aïn Bessam est important tant sur le plan économique que social. En plus d'une couverture complète des besoins en eau, les deux barrages serviront à l'irrigation et à la création des postes d'emploi. D'une capacité de 640 hm3, le barrage de Koudiet Acerdoune, dans la commune de Maâla (daïra de Lakhdaria), alimentera en eau potable 10 communes dans 5 wilaya. Il servira en outre, à l'irrigation de 6000 ha dans les Issers et 1000 autres à Bouira. Dans l'ordre d'importance des barrages dans le pays, celui de Koudiet Acerdoune est classé deuxième après celui de Bniharoun à Mila. Avec une capacité de 167 hm3, le barrage de Tilesdit, dans la daïra de Bechloul, fournira de l'eau potable à 16 communes et irriguera un périmètre agricole de 6915 ha dans le Sahel. Beaucoup moins important, le barrage de Oued Lakhal, d'une capacité de 30 millions de mètres cubes alimente déjà deux chefs-lieux de daïra (Aïn Bessam et Sour El Ghozlane) en eau potable et sert à l'irrigation de plus 2000 ha dans les Arribs.