La mise en place de la Délégation nationale à la sécurité routière s'est imposée, vu que le Centre national de prévention et la sécurité routière a échoué à infléchir la courbe des accidents de la circulation. Aborder le problème de la sécurité routière par une approche scientifique, voilà ce que vient de décider le gouvernement en annonçant l'installation, avant la fin de l'année en cours, de la Délégation nationale à la sécurité routière en remplacement du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR). Après avoir été aphones au discours des experts, qui préconisent des solutions réfléchies et méthodiques au phénomène des accidents de la route, les pouvoirs publics ont enfin entendu la voix de la raison. La mise en place de cette Délégation nationale à la sécurité routière s'est imposée, vu que le CNPSR a échoué à infléchir la courbe des accidents de la circulation. Les réponses à l'hécatombe meurtrière ont été «parcellaires en raison de l'intervention individuelle sur certaines causes de la sinistralité et sans faire de la route un sujet global», a reconnu le chef de ce projet, Ahmed Naït El Hocine, dans une récente déclaration à l'APS. Lors d'une rencontre, tenue le 8 mai dernier à l'hôtel El Aurassi, pour l'évaluation des coûts des accidents, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a affirmé que «les grandes lignes de la nouvelle approche en question ont été tracées sur la base d'avis d'experts et d'organisations internationales pionnières dans le domaine de la sécurité routière». Approche qui consiste en l'installation d'un comité intersectoriel qui sera placé sous l'autorité directe du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et ayant pour mission «d'insuffler une nouvelle stratégie dans la politique de la prévention routière, voulue plus coordonnée et continuellement adaptée aux exigences de la lutte contre les accidents de la circulation», a-t-il expliqué. L'instance en question se chargera aussi de la refonte des programmes d'enseignement de la conduite, l'institution du brevet professionnel pour les conducteurs de transport de voyageurs et de marchandises, l'adoption du dispositif du chronotachygraphe (le mouchard), la révision des conditions d'organisation des entreprises d'auto-écoles et leur contrôle. Elle aura, en outre, «la prérogative de proposition et d'examen de textes législatifs et réglementaires intéressant le domaine de la sécurité routière, avant leur transmission pour validation et adoption au niveau de l'instance habilitée», a-t-on ajouté. Selon les statistiques du Centre national de la prévention routière, 6759 accidents de la route ont été enregistrés durant le premier trimestre 2016, contre 7663 durant la même période en 2015. Soit une baisse de 11,80%. Les nombres de décès et de blessés ont également baissé, durant la même période, respectivement de 3,49% et 15,57%. Mais ce n'est jamais suffisant dès qu'il est question de vie humaine. Avec plus de 4000 morts par an et des dépenses publiques en matière de prise en charge des blessés avoisinant en moyenne les 100 milliards de dinars, la sécurité routière se hisse en haut de la liste des problématiques à traiter en urgence. C'est d'ailleurs à ce plan qu'ont appelé des universitaires. Leur obstination a fini par payer. Certains d'entre eux ont pris part à la rencontre d'El Aurassi, dont le Pr Rahal Gherbi, directeur du laboratoire de la psychologie des usagers de la route (PUR) de l'université de Batna 1. Ses équipes planchent sur le sujet depuis plusieurs années et son appel à associer l'université dans la lutte contre les accidents de la route a fini par être entendu. En avril dernier, il avait organisé un séminaire sur la question et les recommandations qui en ont découlé, à quelques nuances, se calquent sur celles arborées par le gouvernement dans sa future stratégie anti-accidents. Il nous livre sa satisfaction quant aux grandes lignes du plan gouvernemental.