Le FMI professe à qui veut bien l'entendre que l'augmentation des salaires est « un choc » pour l'économie nationale. Il s'élève ainsi contre la propension du gouvernement à accéder aux revendications du milieu du travail pour la revalorisation du revenu salarial. En réalité, le FMI est dans son rôle et les pays qui sont sous son « contrôle » (le mot est approprié), comme l'Algérie, ne lui sont certes pas redevables en quoi que ce soit, sauf peut-être à lui concéder la volonté de poursuivre une politique allant dans la logique de l'orthodoxie financière. Pour l'instant, il est à reconnaître que c'est ce que les gouvernements successifs ont tâché de respecter au prix de lourds sacrifices au plan social. Alors quand le FMI se montre mécontent de la politique actuelle du gouvernement d'augmenter les salaires, il n'y a rien de plus étonnant. En effet, le gouvernement, en ayant décidé la hausse des salaires, n'a pas montré à l'opinion les conditions de faisabilité qu'autorisent la productivité et les limites de la poussée inflationniste. L'on se rappelle que le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia lui-même s'est piqué du même commentaire sur la question des salaires. Après lui, le chef de l'Etat, en coupant la poire en deux, a dû édulcorer le discours du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, qui s'est montré, lui, trop enthousiaste sur le sujet, en dénonçant toute forme de démagogie et de promesses populistes en la matière. Si le gouvernement et le FMI s'entendent quant au fond sur la question des salaires, il n'en demeure pas moins que le point de divergence est né de la gestion qui en est faite. Car, enfin, est-il possible pour un gouvernement de détourner son regard de cette « poussée » sociale réclamant un réajustement des salaires, sans engager parfaitement sa responsabilité face à la dégradation des conditions de vie des citoyens au moment où les caisses de l'Etat sont pleines ? Ce risque politique paraît en effet beaucoup plus grand que le « risque inflationniste » contre lequel prévient le FMI. Il est ainsi des situations politiques telles qu'un gouvernement arrive à faire entorse à son credo en ayant à supplanter « la politique de son économie » par « l'économie de sa politique ». Ainsi des cadeaux fiscaux (IBS et autres) sont accordés par exemple au secteur privé pour consentir à une augmentation des salaires décidée par le gouvernement. Mais, en définitive, si retour de l'inflation il y a, le pouvoir d'achat en prendra un coup. La situation est caractéristique de l'échec des réformes économiques en Algérie où l'amélioration du pouvoir d'achat est presque devenue incertaine en dépit de l'amélioration des recettes de l'Etat et, peut-être même aussi, de l'augmentation des salaires.