L'explosion survenue jeudi dernier sur le gazoduc reliant Hassi R'mel à Arzew remet sur le tapis la question des risques industriels majeurs et des accidents aux conséquences fâcheuses sur les populations. Il est à rappeler, à ce propos, que l'Algérie compte pas moins de 3876 installations industrielles dont la majorité est concentrée dans les grandes agglomérations où l'activité industrielle est intense. En l'absence d'une politique préventive efficace, plusieurs de ces agglomérations ont eu souvent à faire face à des catastrophes et autres accidents mortels. Le plus déplorable a été celui qui a coûté la vie, en janvier 2004, à une trentaine de personnes au complexe gazier de Skikda. Depuis, les mesures de sécurité ont été, certes, renforcées sur les sites industriels et les installations à haut risque, mais d'autres accidents plus ou moins mortels se sont néanmoins produits. Interpellé récemment par les députés sur la question, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a estimé que « le nécessaire a été fait », mais le risque persiste toujours : « Des accidents se passent partout. Cela n'est pas spécifique à l'Algérie », avait-il répondu. Quant aux populations exposées à ce genre d'accidents, le ministre n'a pas hésité à accuser les autorités locales qui, selon lui, autorisent à des gens de construire à proximité des installations à risque, sans prendre en considération les paramètres de sécurité. Il convient de rappeler, à cet effet, qu'une étude élaborée par des experts fait ressortir que pas moins de 60 établissements et installations sont classés potentiellement très dangereux. Localisées essentiellement le long des régions côtières, ces unités industrielles présentent des risques d'explosion à hauteur de 43%, alors que les incendies et les fuites toxiques représentent respectivement 41 et 16%. En matière de répartition géographique, les concentrations les plus élevées d'installation à risque, selon les experts, sont au niveau de deux zones industrielles, à savoir Skikda et Arzew. Le plus grave des constats fait par les mêmes spécialistes fait ressortir qu'« aucune installation n'a fait jusqu'ici l'objet d'étude d'impact » et que « les plans ORSEC ne sont pas adaptés aux catastrophes et autres accidents susceptibles de se produire pour chaque site industriel à risque majeur ». Les accidents qui se produisent ici et là, dans les installations industrielles, permettent à chaque fois de découvrir des lacunes en matière d'évaluation des risques, de respect des normes de sécurité et de maintenance des équipements. Il n'en demeure pas moins que les mesures efficaces à même de remédier aux situations de risque sont rarement prises par les autorités concernées. Faut-il attendre qu'il y ait d'autres pertes humaines et d'autres dégâts pour réagir ?