L'essor des loisirs a permis l'émergence d'un championnat de karting. En cinq ans, la discipline a conquis le cœur des filles. Elles sont désormais trois à participer aux compétitions nationales. Elles sont venues «faire de la vitesse». Lydia, Mila, Sandra et Diana habitent à Chéraga et ont découvert le circuit de karting MegaKart grâce à une affiche. Aucun pilote dans la famille, juste l'envie «de fun». Lydia, 20 ans, grands yeux soulignés de khol, a le permis et conduit régulièrement. «Le karting est très différent de la conduite en ville. Ici, on a le contrôle, et on peut prendre plus de risques en s'amusant», dit-elle. Sa cousine, longs cheveux châtains tombant sur les épaules, est tout sourire après les 5 minutes de course au ras du sol : «Ce sont des sensations fortes !» Les règles sont pourtant strictes. Un responsable de la sécurité tient dans sa main une télécommande qui contrôle toutes les voitures et peut brider leur vitesse en un clic. «Certains ont du mal à comprendre que quand on leur demande de ralentir, ce n'est pas pour plaisanter. Ceux-là, on arrête leur course tout de suite», explique-t-il. Ballerines aux pieds, vernis aux ongles, avec ou sans foulard sur la tête, elles sont de plus en plus nombreuses à venir enfiler un casque. «Nous avons des simulateurs de conduite, un circuit qui est accessible à partir de 4 ans et demi, les familles constituent la majorité de notre public», souligne Fahed Boukachabia, le chargé de communication du complexe de loisirs. Des dizaines de personnes se pressent au guichet pour s'inscrire. A l'accueil, Omar est le premier pilote d'Afrique et du monde arabe à concourir dans des compétitions mondiales de Handi-Kart. Face à lui, Nora, petite fille fluette de 7 ans, attend son tour impatiente : «J'ai envie de venir tous les soirs.» Championne En donnant le goût de la course automobile aux plus jeunes, les responsables du karting espèrent solliciter des vocations de pilote. Le championnat national de karting, créé en 2011, est encore modeste : sept courses dans l'année, trois clubs algérois, 42 pilotes. Mais à Chéraga, on assure que l'essentiel est de poser des bases solides. Racha, 21 ans, vient presque tous les jours pour s'entraîner. Pendant deux heures, ils sont une douzaine de pilotes à conduire des karts qui peuvent aller jusqu'à 120 km/h. Il n'y a que trois jeunes femmes inscrites au championnat. Elles font les courses avec les garçons et sont rapides. Racha est arrivée troisième lors de la dernière compétition. «Faire la course, c'est une sensation extraordinaire. Aujourd'hui, ça fait partie de ma vie», confie-t-elle. Son entourage la soutient et elle a même été embauchée par l'équipe de MégaKart. Elle espère qu'elles seront bientôt plus nombreuses. D'ici 2017, trois nouvelles pistes de karting ouvriront près de la capitale, dont un circuit de 7 ha près de Sidi Abdellah. Fahed Boukachabia sourit : «Ca peut être le tournant de la discipline.»