C'est le branle-bas de combat dans les services de santé et de sécurité de la wilaya de Annaba. Trois enfants de migrants d'origine subsaharienne ont trouvé la mort la semaine dernière et un quatrième est à l'hôpital pédiatrique Saint-Thérèse de Annaba. Dans un état grave, un autre adulte est actuellement en quarantaine, au niveau du service d'infectiologie de l'hôpital Dorban, relevant du CHU Ibn Rochd de Annaba. Ils sont tous atteints de paludisme (malaria), une maladie infectieuse mortelle due à un parasite, propagée par la piqûre de certaines espèces d'anophèles (moustiques), avons-nous appris de sources sécuritaires. Tout a commencé par l'évacuation de deux enfants, morts au service des urgences de l'hôpital pédiatrique Sainte-Thérèse. Après une consultation, on a imputé ces décès à une insolation, d'autant que les migrants et leurs enfants sillonnent, sous un soleil de plomb, les artères de la ville à longueur de journée. Il a fallu attendre la deuxième évacuation, au même service, de deux autres bébés de migrants, âgés de 30 mois et 4 ans, pour que les soupçons s'installent. Pis, l'un d'eux a perdu la vie jeudi, quelques heures après son hospitalisation, poussant les pédiatres à prospecter, en urgence, à travers des analyses sérologiques, une maladie infectieuse. Les résultats sont sans appel : il s'agit du paludisme (malaria). L'alerte a été donnée mettant en urgence tous les services de la santé en branle. Première mesure : le ramassage massif de tous les migrants subsahariens dont la population est estimée officiellement à 352 personnes dans la wilaya de Annaba. Les services concernés ont également procédé à la désinfection des lieux (près d'un marécage) où ils se retrouvent et dorment pour les regrouper dans un lieu unique, en l'occurrence le siège de l'ex-SNLB, à l'entrée de la ville. Grave, cette situation l'est à plus d'un titre puisque les migrants arrivent en masse dans les villes du Nord sans qu'ils être examinés médicalement pour dépister une quelconque maladie infectieuse pouvant générer une épidémie. Pis, les migrants subsahariens sont en contact direct avec les citoyens à travers la mendicité qu'ils pratiquent. Contactés, plusieurs médecins spécialisés tirent la sonnette d'alarme, soulignant au passage un risque majeur d'épidémie à travers des facteurs aggravants, dont la présence de moustiques en masse, en cette période estivale, dans la wilaya de Annaba. Avec 207 millions de personnes malades et 627 000 décès en 2012, le paludisme est la parasitose la plus importante dans le monde et concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. 80% des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne. «Le parasite du paludisme est principalement transmis, la nuit, lors de la piqûre par une femelle moustique, elle-même contaminée après avoir piqué un individu impaludé. Il infecte les cellules hépatiques de la victime puis circule dans le sang, en colonisant les hématies et en les détruisant. Sur les 123 espèces du genre Plasmodium répertoriées, seules quatre sont spécifiquement humaines. Le Plasmodium Falciparum, responsable d'une majorité des décès est, malheureusement, présent dans les marécages des villes algériennes», détaillent les mêmes médecins.