Des plaques à fond bleu, portant des noms de chouhada transcrits en arabe et en français, accrochées aux angles des rues de la ville, sont entachées de nombreuses erreurs. Lancée en grande pompe en vue de rendre hommage aux martyrs de la Révolution tombés au champ d'honneur, l'opération de baptisation des quartiers, rues et autres lieux publics et établissements n'a pas été à la hauteur de la symbolique et des sacrifices consentis par les chouhada. Ainsi donc, comme il a été constaté par de nombreux habitants de la commune de Mouzaïa, des plaques sur fond bleu, comportant des noms de chouhada, transcrits en arabe et en français, accrochées aux angles des rues de la ville, sont entachées d'erreurs. En effet, si l'opération, initiée conformément au décret présidentiel n°14/01 fixant les modalités de baptisation ou de débaptisation des institutions, lieux ou édifices publics, a été accueillie avec beaucoup d'émotion, il n'en demeure pas moins que la transcription des noms n'a pas été élaborée avec précision. De nombreuses fautes dans la transcription des noms et prénoms des chouhada ont été recensés et des citoyens, particulièrement les familles des chouhada, ont, dans un premier temps attiré l'attention des membres de la commission chargée de la mise en œuvre de cette opération nationale sur les nombreuses fautes entachant l'identité des martyrs. «Ni les autorités locales, encore moins la kasma locale et le bureau de l'Organisation nationale des moudjahidine n'ont daigné corriger les dysfonctionnements et l'anarchie caractérisant cette mise en application», souligne un ancien moudjahid. Ainsi donc, la rue Ahmed Boufessa est devenue la rue Ahamad Boufess, un nom à connotation targuie, comme a tenu à le souligner un citoyen. Autres anomalies : le nom Issaad de la rue Mohamed Issaad est écrit avec un seul «s» au lieu de deux. «Il doit bien y avoir au moins un membre de la commission chargée du suivi de l'opération qui sache qu'un ‘‘s'' entre deux voyelles se prononce ‘‘z''», ironise un citoyen. Et d'ajouter : «Qu'une seule lettre manque et l'identité du chahid est complètement fausse.» La rue Chahid Birène est devenue Chahid Biran et la rue Hattab Amar Hattab Amer, alors que la rue Rabah Mebsout a été transformée en Rabah Mabsout, avec un «a» après le «m» au lieu du «e». Rappelons que l'objectif de l'opération de baptisation est de recueillir toutes les informations fiables avec une transcription des noms et prénoms de chouhada correcte, à même de permettre la mise en place d'une banque de données dans la perspective du lancement du système de géolocalisation (GPS). «Avec tous ces égarements, l'intervention des différents services, tels que la Protection civile ou les ambulances, risque d'être compliquée et le citoyen déboussolé», note un quinquagénaire. Un autre fait gravissime est relatif aux emplacements où doivent être placéess les plaques. A Mouzaïa, la plaque portant la dénomination cité Frères Eddalia est accrochée sur la niche de la Sonelgaz, qui se trouve juste à côté de ladite cité. «Un mur sale, lugubre, crasseux et dégoûtant servant de support à une plaque portant le nom d'un valeureux chahid, c'est révoltant», déplore un citoyen. Une autre plaque qui n'est pas à sa place indique la place des Martyrs du centre-ville, transformée récemment en jardin public. Accrochée au mur du siège de l'APC y faisant face, portant la transcription «placette des Martyrs», celle-ci a été corrigée. Cependant la transcription actuelle est mal cadrée avec la plaque, ce qui enlaidit encore plus le support. «Nos chouhada et notre Révolution méritent mieux», conclut un lycéen jaloux de son pays et de son histoire.