C'était, on s'en souvient, le 20 avril passé, lorsque vers 15h30, entre Belghenem et Touzzouz, un bus de l'Entreprise publique de transport urbain (ETUG) reliant la commune de Ghardaïa à celle de Dhaïa Ben Dahoua, à une dizaine de kilomètres, a été attaqué à coups de cocktails Molotov et de pierres par une bande portant, selon des témoins et occupants du bus, des masques, type Anonymous. L'attaque s'est déroulée à Tighouza, dans un virage très incliné, entre Akhelkhal et Touzzouz, dans l'Oasis nord appelée communément El Ghaba, sur les bords d'un profond précipice sur le côté droit de la route. Ce qui a failli précipiter le bus dans le ravin après que le chauffeur ait été atteint par les flammes. Heureusement, grâce à son sang-froid et malgré la douleur, le chauffeur a réussi à maintenir le bus sur la route, évitant ainsi un autre drame. Treize blessés, pour la plupart atteints de brûlures, dont une femme enceinte tenant dans ses bras un enfant de 3 ans et quatre Subsahariens qui rentraient chez eux après une éprouvante journée de travail, ont été évacués vers la polyclinique de Dhaïa Ben Dahoua où ils ont reçus les premiers soins, avant d'être réorientés vers l'hôpital Docteur Brahim Tirichine de Sidi Abbaz, où ils ont été pris en charge. A noter que très rapidement, des centaines d'éléments des compagnies républicaines de sécurité (CRS), arrivés en trombe à bord de dizaines de camions de transport de troupes Vario, appuyés par des éléments des autres services de la sûreté de wilaya de Ghardaïa, tels l'identité judiciaire, la BRI, la BMPJ et les RG, ont bouclé la zone à la recherche des agresseurs. A Dhaïa Ben Dahoua des citoyens, qui ont essayé de se rendre dans la zone de l'agression pour venger les leurs, ont été stoppés net par les services de sécurité qui se sont énergiquement interposés et par les sages qui leur ont demandé de ne pas tomber dans le piège de la provocation. Eviter le dérapage Le wali, Azzedine Mechri, accompagné du procureur général de la République, Mohamed Bensalem et du colonel Abderrazak Mâameri, chef du secteur opérationnel de Ghardaïa, se sont immédiatement rendus sur les lieux de l'agression où ils ont rejoint le commissaire divisionnaire Yahia Bousselah, chef de la sûreté de wilaya de Ghardaïa, qui dirigeait personnellement les opérations de recherche, d'identification et de perquisition. C'est dire que l'affaire a été prise très au sérieux au plus haut niveau et que toutes les dispositions ont été prises pour démasquer les coupables et leurs commanditaires et surtout tout faire pour éviter les dérapages, l'amalgame et la stigmatisation. Très rapidement, l'enquête a évolué et les agresseurs ont été identifiés. La traque pour les arrêter a été lancée. Elle a duré trois mois, au bout desquels, la perspicacité et le professionnalisme des services de sécurité ont eu le dessus par l'arrestation de deux des huit agresseurs identifiés. Présentés lundi devant le procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa qui les a déférés devant le magistrat instructeur, ils ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés à la prison de Châabet Ennichène, à Ghardaïa, où ils iront attendre l'arrivée de leurs acolytes pour lesquels des mandats d'arrêt ont été lancés par le parquet. Selon certaines sources, qui ont requis l'anonymat, les agresseurs seraient des militants et sympathisants du MAK de Ferhat Mehenni et du MAM de Kamel Eddine Fekhar. Ce qui, en quelque sorte, accréditerait le choix de cette date anniversaire du 20 Avril 1980, symbole du combat pacifique pour l'amazighité.