Les souscripteurs de la formule du logement promotionnel public (LPP) ont organisé, hier, un sit-in de protestation devant le ministère de l'Habitat, à Alger-Centre. Les protestataires, dispersés par les services de police, dénoncent la gestion du programme LPP, marqué par «le cafouillage et le déficit de communication». Les souscripteurs réitèrent, dans leur plateforme de revendications, la signature d'un contrat en bonne et due forme pour «clarifier» leur relation avec l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI). «Nous n'avons pas eu droit à un contrat. Nous disposons tout juste d'ordres de versement. Avec un contrat remis aux souscripteurs, le ministère de l'Habitat et le promoteur se seraient engagés à respecter le prix initial du mètre carré et à appliquer les critères et les conditions d'affectation», résume Mustapha Bahi, membre du collectif qui a appelé à l'adhésion des autres postulants, à travers une page facebook dédiée à la formule. Le collectif des souscripteurs réclame la réduction du prix du mètre carré de l'appartement, fixé actuellement à 108 000 DA TTC. «Au début de l'opération, en 2013, le mètre carré était fixé à 45 000 DA. Ce prix a grimpé, au gré des déclarations de Tebboune à la presse, jusqu'à 108 000 DA/m2 TTC. Donc pour le F4 qui m'est affecté, je dois payer 1,25 milliard ! Il me reste à verser 850 millions après m'être acquitté des deux premières tranches de 50 et 10 millions de dinars, alors qu'au final je n'ai eu que mon septième choix. La banque nous obligera donc à payer 60 000 DA. Il me reste pour vivre 40 000 DA avec une location sur le dos», s'offusque le docteur Mekideche, pédiatre. Le prix unique du mètre carré appliqué sur tout le territoire national est jugé «irréel». «Un logement ne doit pas avoir la même valeur selon que l'on soit à Aïn Benian ou à Relizane. Un bureau d'études doit être désigné pour déterminer la valeur réelle des appartements», estime Mustapha Bahi. L'ENPI a annoncé, mercredi, qu'il n'est pas réclamé aux souscripteurs le versement d'une troisième tranche. Des souscripteurs, qui ont le choix de payer comptant ou de recourir au crédit bancaire, refusent le «taux de l'usure». «Le ministère de l'Habitat nous oblige à négocier avec une seule banque, le CPA, qui accompagne le projet. Le ministère aurait pu nous permettre d'avoir un crédit avec des banques comme Al Baraka ou Al Salam, qui n'exigent pas un taux d'intérêt», suggère M. Bahi qui estime que le promoteur public aurait pu permettre une «flexibilité» dans le paiement des tranches et un alignement sur les autres formules LSP et AADL. L'autre revendication du collectif a trait à la prise en charge «au cas par cas des situations particulières», à l'instar des souscripteurs en situation de préretraite et les anciens souscripteurs à la formule AADL qui «éprouveraient des difficultés pour bénéficier d'un crédit bancaire ou même prendre en charge les différents frais». La formule LPP, lancée en 2013, est destinée aux citoyens dont le revenu mensuel se situe entre 108 000 et 216 000 DA. 50 000 personnes ont postulé à ce programme, dont 8000 ont été exclues pour non-paiement de la première tranche, en juillet 2014, de 500 000 DA. Une année après, les souscripteurs ont été convoqués pour s'acquitter de la seconde tranche d'un million de dinars. Sur 30 000 souscripteurs, 6000 n'ont pas reçu de décision d'affectation en raison, avance-t-on, de l'absence d'assiette foncière. «Le ministère a promis la livraison des appartements au bout de 24 mois. Plus de trois ans après, les postulants attendent toujours. Seuls les sites de Bou Ismaïl et Koléa sont concernés par une affectation définitive», indique M. Bahi. Les protestataires examinent la possibilité de recourir à des poursuites en justice à l'encontre des responsables de l'Habitat. «Nous avons décidé de déposer plainte contre le promoteur et le ministère. La procédure est en cours et l'action sera formalisée probablement à la rentrée», signale le Dr Mekideche.