Une note du ministère de la Culture annonce le plafonnement à 50% par an du budget de l'Etat alloué aux structures théâtrales, et ce, conformément aux instructions du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Les coupes budgétaires, opérées par le gouvernement pour parer à la baisse des recettes pétrolières, sont sur le point de faire leurs premières victimes parmi le personnel du secteur de la culture. Alors que le volume des représentations artistiques est réduit à son strict minimum (30%), enfonçant un peu plus un secteur déjà à bout de souffle, l'austérité vient de frapper aux portes des théâtres. Ces derniers ont été destinataires, le 11 juillet, d'une note du ministère de la Culture annonçant le plafonnement à 50% par an du budget de l'Etat alloué aux structures théâtrales, et ce, conformément aux instructions du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. L'application de cette note risque d'avoir un effet dévastateur, à savoir un licenciement massif des travailleurs et la fermeture des structures. Réagissant à cette décision, les syndicats des théâtres, affiliés à l'UGTA, comptent riposter à l'unisson pour avorter cette nouvelle donne budgétaire. Réunis le 19 juillet au TNA, à Alger, les secrétaires généraux des sections syndicales des théâtres d'Alger, de Béjaïa et d'Oran ont décidé d'agir de concert et d'impliquer les 14 structures théâtrales que compte le pays. Une autre réunion est prévue aujourd'hui, où seront présents les représentants de toutes les structures. «Lors de notre réunion, nous avons décidé, avec les représentants des théâtres de Béjaïa et d'Oran, de mobiliser, chacun dans son secteur respectif, les travailleurs de l'Est, du Centre et de l'Ouest de manière à impliquer l'ensemble des 14 structures existantes. Nous avons décidé de nous revoir afin d'élaborer une déclaration commune qui sera remise au secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, et à qui de droit. Nous voulons alerter sur ce que ce plafonnement engendrerait, si jamais il venait à être appliqué : 50% du personnel risquent le licenciement et les théâtres la fermeture pure et simple. Ce serait un malheur pour nous et pour le monde de la culture», a déclaré hier, à El Watan, M. Abderrahmane, secrétaire général de la section syndicale du TNA. Si pour le moment, les effets de cette réduction ne sont pas encore palpables, étant donné que les théâtres fonctionnent encore avec la première tranche du budget valable jusqu'au mois d'août, il reste qu'elle a produit l'effet d'une bombe dans le milieu du 4e art. Au Théâtre régional de Béjaïa, la nouvelle est mal vécue. Alors que cette structure – où est domicilié depuis trois ans le Festival international du théâtre professionnel (FITB) – fonctionnait avec 79,4 millions de dinars (exercice 2016), alloués sous forme de contributions, avec la nouvelle note, le théâtre ne recevra que 36,5 millions. Ce qui ne suffira même pas à couvrir la masse salariale, estimée à 48 millions de dinars. «A la différence des directions et maisons de culture où les travailleurs sont des fonctionnaires, donc ne risquant ni licenciement ni réduction de salaire, nous dépendons de la contribution annuelle allouée par l'Etat. Si cette décision est appliquée, nous risquons le licenciement et la perte de 58% de notre salaire», redoute Hemmache Faycel, travailleur au TRB.Et d'ajouter que les correspondances adressées jusqu'ici aux responsables concernés, dont le secrétaire général de l'UGTA, sont restées sans réponse. Si le gouvernement va jusqu'au bout de sa décision, des centaines de travailleurs, entre artistes et personnel assimilé, risquent de se retrouver à la rue.