Contrairement au discours officiel, les eaux épurées ne constituent guère une alternative aux agriculteurs qui n'arrivent pas à trouver les ressources hydriques pour irriguer leurs champs. Dans la wilaya de Boumerdès, 95% des eaux épurées par les stations d'épuration de Zemmouri, Thénia et Boumerdès sont déversées dans la nature. Drôle de situation pour un «pays semi-aride, où les ressources hydriques sont rares, fragiles et inégalement réparties». «La station de Foes (Boumerdès) à elle seule a épuré plus de 5,5 milliards de m3 en 2015, mais 93,12% de ces eaux sont rejetés à la mer. Pour le moment, seuls deux agriculteurs de Corso s'en servent pour irriguer leurs champs. Et ce sont eux- mêmes qui ont réalisé les conduites», précise un employé de l'Office national d'assainissement (ONA). Au lieu de remédier au problème, les pouvoirs publics rejettent la balle sur les agriculteurs. «Les agricultures algériens doivent changer de mentalité et tirer profit des eaux traitées par les stations d'épuration et mises à leur disposition gratuitement», déclarait en 2014 l'ex-ministre des Ressources en eau, Hocine Necib. Pour lui, les eaux traitées par les stations d'épuration sont «conformes aux normes de l'Organisation mondiale de la santé», estimant qu'il n'y a pas de raison que les agriculteurs n'en profitent pas. En dehors des reproches faits aux fellahs, le ministère de tutelle n'a pris aucune mesure sérieuse à même de vulgariser l'utilisation de ces eaux épurées dans l'irrigation.