La crise mondiale de l�eau pointe � l�horizon. Notre pays, class� semi-aride, la vit depuis bien longtemps. C�est probablement l�agriculture qui sera, en partie, le premier secteur � en souffrir. Les probl�mes de pollution ont pouss� les pouvoirs publics � la solution du �lavage des eaux us�es�. On s�aper�oit que ces eaux nettoy�es sont utilisables dans l�agriculture. Dans la seule wilaya de Boumerd�s, 4 004 316 m3 d�eaux d�pollu�es sont produits annuellement par les trois stations d��puration des eaux us�es (Step) Boumerd�s, Zemmouri et Thenia) . Avec l�implantation de nouvelles stations, que la vocation touristique de la r�gion impose, ces quantit�s iront en augmentation. Actuellement, seulement 448 094 m3 8,93%) pr�lev�s uniquement de la station de la ville de l�ex-Rocher- Noir sont utilis�s par l�agriculture. M. Achour Mouloud, directeur de l�unit� de l�ONA (Office national de l�assainissement) et MlleYasri Kahina, chef de laboratoire, nous ont longuement re�us � la Step de Boumerd�s pour nous expliquer la proc�dure du lavage des eaux us�es. La m�thode s�appuie sur un processus biologique par la cr�ation dans les bassins de bact�ries qui d�vorent les polluants. Survient ensuite la s�paration des d�chets solides boues) et les eaux. Pour avoir suivi l�exp�rience lanc�e � Boumerd�s, ils sont totalement acquis � cette r�utilisation. Le directeur des services agricoles, DSA de la wilaya de Boumerd�s, M. Merakchi rejoint l�avis des deux responsables. Il dira en substance : �C�est une exp�rience tr�s positive pour l�extension des superficies irrigables et l��conomie de l�eau.� L�avis du Dr Dahoumene, chef de service de pr�vention � la Direction de la sant� de Boumerd�s, va dans le m�me sens. �Les eaux d�pollu�es et les boues provenant des Step sont riches en fertilisants, leur utilisation dans l�arboriculture ne pose pas de probl�me.� Un rapport de l�Institut national de l�agriculture (INA), que nous montre le directeur de l�unit� ONA de Boumerd�s, donne un avis favorable. Etant donn� que le projet est nouveau � il date de 2002 � dans notre pays, les deux responsables de l�ONA cit�s plus haut souhaitent que les scientifiques cadrent d�finitivement cette utilisation des eaux �pur�es et des boues extraites. �Il serait utile que des scientifiques interviennent dans le cadre d�un projet de recherche pour d�terminer les normes propres � l�Alg�rie quant � l�utilisation des eaux �pur�es et des boues�, estime Mlle Yasri. L�universit� M�hamed-Bouguerra de Boumerd�s a, dans ce domaine, la possibilit� d�intervenir. Pour rappel, Boumerd�s, Chlef, A�n- Defla, Mascara et Borj- Bou-Arr�ridj sont les wilayas pilotes en la mati�re. M. Achour nous montre un document, �dit� par une instance scientifique marocaine qui a arr�t� les normes d�utilisation des eaux et des boues. Il semblerait que nos voisins de l�Ouest sont bien avanc�s dans le domaine. Il para�t, en outre, que leurs produits fertilis�s avec des boues et irrigu�s avec des eaux �pur�es sont export�s vers l�Europe. Nous n�avons pas les statistiques des autres wilayas, mais � Boumerd�s, seulement 8,93% de cette eau est utilis� par deux fellahs de Corso. M. Flici Abderrahmane et son associ� ont consenti, cependant, de lourds investissements pour acheminer cette eau sur plusieurs kilom�tres � partir de la Step de Boumerd�s et installer des syst�mes d�irrigation normalis�s (goutte�- goutte pour l�arboriculture). Ils arrosent 71 ha. �Chaque mois, je fais deux analyses bact�riologiques et de parasitologie dans deux laboratoire diff�rents. Une autre analyse v�rifie la pr�sence des m�taux lourds�, assure M. Flici. D�ailleurs nous avons go�t� en �t�, le raisin irrigu� de la ferme de Corso. Il n�est pas diff�rent de celui produit � Sidi-Daoud ou � Baghlia. �Des fellahs de Zemmouri nous ont sollicit�s pour utiliser l�eau de la station de cette localit�, mais comme ils n�ont pas la possibilit� de consentir des investissements, nous �tions oblig�s de refuser leur demande�, dira M. Achour. Au plan de la qualit� des eaux �pur�es, Mlle Yasri, qui est bien plac�e pour donner un avis se montre rassurante. Selon elle, la pollution des eau us�es r�ceptionn�es par la station de Boumerd�s ne d�passe pas les 44% (DCO) des normes fix�es par l�OMS. Questionn�e sur la pr�sence �ventuelle de m�taux lourds, plus dangereux pour la sant�, elle r�pondra que �l�absence d�industrie dans la r�gion du chef-lieu de wilaya �loigne ce danger et les rejets des laboratoires, implant�s dans la ville de Boumerd�s, sont insignifiants. Par ailleurs, le laboratoire de Sonatrach a install� son propre syst�me d��puration avant le rejet�. A l�aide d�un film vid�o, ils nous ont d�taill� le processus de lavage des eaux. Ils souhaiteraient pouvoir expliquer au large public pour, d�une part, le sensibiliser sur le traitement des rejets et, d�autre part, le rassurer quant � l�utilisation saine de ces eaux. Il y a lieu de signaler que les pouvoirs publics sont intervenus par le biais du d�cret ex�cutif 07/149 pour encadrer au plan l�gislatif l�utilisation des boues comme fertilisant et l�eau pour l�irrigation. L�hydraulique, la sant�, l�agriculture et le commerce y sont impliqu�s pour le suivi et le contr�le.