Une cérémonie organisée par le Fiofa en hommage au trio «Bila Houdoud» (Hazim, Mustapha et Hamid) au TRO pour, n'ayant rien à voir ni avec le cinéma ni avec le théâtre, avoir continué à activer durant la décennie noire afin d'apporter un peu de gaieté dans les cœurs meurtris des Algériens. L'émission en elle-même est devenue un phénomène au point de faire des émules, mais l'histoire de cette initiative de la station régionale de la Télévision algérienne reste méconnue et mérite d'être racontée. Il faut savoir que l'émission «Bila Houdoud» existait bien avant l'introduction des comiques. «En 1986, j'étais simple comédien et c'est Nacer Labiodh, surnommé Babi, à l'époque directeur photo, qui est venu me voir pour me demander de réfléchir avec lui sur une émission de divertissement. On s'était alors entendus sur un concept qui consistait à doubler d'anciens films connus ou des chansons (James Brown, Ray Charles, etc.) mais pour les sortir de leur contexte et leur donner un cachet local», se remémore Sedik Chikhi qui, pour rappel, a joué un petit rôle dans le film, L'inspecteur Tahar marque le but, tourné à Oran dans les années 1970. Pour l'émission, c'est lui qui a prêté sa voix à Robocop, Ternace Hill, etc. El Hadj Maâti, le père de l'actuel chanteur, imitateur d'Ahmed Wahbi, lui donnait la réplique. Des artistes déjà connus se sont prêtés au jeu à l'exemple de Blaoui El Houari, qui a accepté de prêter sa voix pour des absurdités du genre «zlabiya maâsla», etc. C'est dire l'ambiance qui régnait à l'époque et qui était marquée par une relative insouciance. C'est un véritable concours de circonstances qui a été à l'origine de l'introduction graduelle du célèbre trio. «La direction de la télévision à Alger a imposé un format standard à l'émission et il nous manquait trois minutes pour remplir le programme», indique Sedik Chikhi. Pour cela, le lien a pu s'établir d'abord avec Hazim et Mustapha pour le trio, puis avec «Abbas qui nous suivait partout, qui nous collait et qui voulait à tout prix participer à l'émission». Ce dernier faisait de belles choses, notamment utilisait les jeux de mots du parler ordinaire pour créer des situations burlesques, mais il n'était pas l'initiateur du trio. Cependant, il fallait auparavant les dénicher. A l'époque, vers la fin des années 1980, Hadj Bengasmia, un élu de l'APC, était à la tête de l'Association culturelle de la ville d'Oran et avait la charge d'animer le théâtre de Verdure. C'est grâce au conseil de l'un de ses collaborateurs qui les connaissaient qu'ils ont pu monter sur scène dans un premier temps. «Je les ai invités dans mon bureau et tout de suite ils m'avaient prévenu qu'ils n'étaient jamais montés sur scène et que l'idée d'affronter un public les effrayait», indique Hadj Bengasmia, qui leur a quand même demandé d'interpréter quelque chose à titre d'essai avant de les programmer, car le public est intransigeant. Chose faite et, le soir même, ils ont fait leur baptême du feu sur scène. «Il faut dire que le succès a été immédiat, car ils ont tout de suite accroché le public et c'est pour cette raison que je les ai reprogrammés par la suite avant de les proposer, à la demande, à l'émission Bila Houdoud.» Repêchés pour remplir un petit vide, ils ont fini par voler la vedette. Leur carrière, inégale pour les uns et les autres, est couronnée aujourd'hui par un hommage auquel ils étaient loin de s'attendre.