Pas de panique ; c'est tout ce que trouvent à dire les dirigeants irakiens qui ne sont plus sûrs de conserver leur poste, à en croire certaines informations laissant entendre que l'Administration américaine, elle-même à court de plan de sortie de guerre, envisage de reprendre le choses en main. Et pour cause, son armée déployée en Irak vient de connaître son mois le plus meurtrier. Comme l'Irak d'une manière générale avec un mois de Ramadhan jamais vécu auparavant. A entendre son vice-Premier ministre, l'Irak a besoin du soutien des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne et il ne faut pas céder à la panique, même si la situation demeure préoccupante dans le pays, a affirmé le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh alors qu'il était en visite à Londres. « Nous ne devons pas céder à la panique », a déclaré M. Saleh sur la BB (radio). « Cette situation est trop sérieuse pour être gérée de cette manière », a-t-il ajouté. « Nous aurons besoin d'un partenariat durable avec nos amis aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, mais les Irakiens doivent assumer la direction », a-t-il ajouté. M. Saleh, qui a rencontré le Premier ministre Tony Blair, s'est également dit « préoccupé par le débat aux Etats-Unis et en Europe » sur la pertinence de la stratégie américano-britannique en Irak. « Il y a un ton trop pessimiste dans ce débat et même je dirais un ton défaitiste dans certains cercles », a-t-il estimé. Pas aussi simple que cela. La situation demeure tendue dans des zones du sud irakien où les milices chiites ont combattu les forces de police ces derniers jours. Les autorités ont imposé dimanche un couvre-feu dans la ville de Soueira (60 km au sud-est de Baghdad), après des affrontements policiers et miliciens de l'Armée du Mahdi, contrôlée par le dirigeant radical chiite Moqtada al Sadr. Plus au Sud, dans la ville d'Al Amara, l'armée irakienne veille sur un cessez-le-feu précaire intervenu entre cette puissante milice et la police, après des affrontements qui ont fait 24 morts et quelque 150 blessés. Toutefois, le problème posé par l'existence de milices dans le sud de l'Irak, comme à Baghdad et dans le nord, n'a pas été réglé à Amara. Le Premier ministre Nouri al Maliki a récemment reporté de plusieurs mois le désarmement des milices, en dépit de pressions de Washington. En début de semaine, le chef du gouvernement était même intervenu pour que les forces américaines libèrent un responsable de l'Armée du Mahdi arrêté à Baghdad. A l'approche des élections américaines, les critiques se multiplient à Washington sur la politique de l'administration. Samedi, le président George W. Bush a consulté ses généraux sur la réponse à apporter à la dégradation de la situation. Il a cependant exclu, dans son allocution radiophonique hebdomadaire, un changement fondamental de stratégie. « L'objectif en Irak est clair et inchangé : c'est la victoire. Ce qui change, c'est la tactique que nous employons pour atteindre cet objectif », a-t-il dit. Il reste que les faits parlent d'eux-mêmes. Deux nouveaux soldats ont été tués lundi et mardi en Irak, portant à 91 le bilan des pertes américaines en Irak depuis le début du mois d'octobre, a annoncé mardi le commandement américain. Le mois d'octobre est le plus meurtrier depuis le début de l'année pour l'armée américaine depuis l'invasion de mars 2003 de l'Irak où sont déployés actuellement 140 000 soldats américains. Depuis 2003, 2797 soldats américains et personnels assimilés ont été tués en Irak, selon un décompte officieux basé sur les chiffres du Pentagone. Sur le plan politique, Abdel Aziz Hakim, président du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), principal parti chiite, a défendu le fédéralisme devant plusieurs milliers de chiites à Baghdad. Il s'agit d'un rempart, a-t-il dit, contre « la dictature » et « un pouvoir central injuste ». Défendant la création d'une grande région chiite, hantise des sunnites qui redoutent d'être isolés face aux régions chiites riches en pétrole, dans le sud, et kurdes, dans le nord, il a affirmé que « la meilleure assurance pour notre peuple, c'est de mettre en œuvre le fédéralisme dans les provinces du centre et du sud ». Comment donc sortir de ce cercle infernal ?