En juin dernier, le rythme d'inflation annuel s'affichait à 5,2%, selon les dernières évaluations publiées par l'Office national des statistiques (ONS). Dans un contexte de crise financière majeure et d'aggravation des déficits budgétaire et extérieur, les poussées inflationnistes, couplées à la dégringolade de la valeur du dinar, commencent à prendre une ampleur inquiétante, les prix ne cessant de flamber pour pratiquement l'ensemble des biens de consommation. Dans sa dernière note de conjoncture, publiée la semaine écoulée, l'autorité monétaire qui est la Banque d'Algérie (BA) indique clairement que «la désinflation significative des années 2013 et 2014 s'est interrompue en 2015», l'inflation, ajoute-t-elle, étant de nouveau croissante «à 4,4% pour l'indice national des prix à la consommation (IPC) et à 4,8% pour celui du Grand Alger» durant l'année écoulée. Au-delà des chiffres et des prévisions, qui du reste risquent fort d'être bien plus alarmants durant l'année en cours, la Banque centrale met surtout en avant le fait que le retour de l'inflation soit avant tout lié «aux dysfonctionnements du marché, notamment celui des produits agricoles frais, caractérisé, souligne-t-elle, par une traçabilité limitée des transactions et une faible régulation». Ainsi, selon la Banque d'Algérie, l'inflation ne serait en rien d'origine monétaire, du moins jusque-là, car, explique-t-elle, «l'expansion monétaire était historiquement faible et limitée à seulement 0,1% sur l'année dernière». Par conséquent, tranche l'institution, l'ampleur de l'inflation en 2015 ne peut s'expliquer ni par l'expansion de la masse monétaire, dont le rythme a été quasi nul, ni par l'inadéquation de l'offre à la demande, ni par l'évolution des prix mondiaux des produits de base importés. Et si tel était le cas durant l'exercice écoulé, la situation monétaire, nous affirment des sources proches du milieu bancaire, est quasiment la même pour l'année en cours, où le rythme d'inflation évolue pourtant à la hausse. «Jusque-là, il n'y a nul recours à la planche à billets et le rythme de l'expansion monétaire est quasiment le même que l'année dernière», assurent ainsi nos interlocuteurs, tout en soulignant que la dépréciation de la valeur de la monnaie nationale ne contribue qu'en partie à l'ampleur des poussées inflationnistes. Cotée, il y a à peine deux ans, à quelque 80,5 DA vis-à-vis du dollar américain et autour de 107 DA par rapport à la monnaie européenne unique, la monnaie nationale, faut-il noter, a dégringolé à près de 110 DA pour un dollar et 122 DA pour un euro lors de sa dernière cotation sur le marché officiel des changes. Aussi bien pour les produits d'importation que pour ceux fabriqués localement à base d'intrants importés, la chute du dinar, faut-il le préciser, induit un fort renchérissement des prix, même si la dépréciation ne justifie pas à elle seule l'ampleur actuelle du rythme de l'inflation. Quels qu'en soient cependant les autres facteurs, celle-ci, faut-il s'attendre, est sans doute appelée à s'aggraver durant les mois à venir à mesure surtout que s'aggrave la crise budgétaire et que s'accentuent en même temps les défaillances de régulation qui caractérisent le marché interne.