L'informel retrouve toute sa vigueur et s'accommode de la thèse des campagnes passagères, les communes réduisent à néant leurs activités de tous les jours, les administrations publiques reportent tous les dossiers au mois de septembre, les primes et rappels sont distillés à des doses homéopathiques dans plusieurs secteurs, l'éducation en tête, maires et membres de l'exécutif ne reçoivent pas les citoyens et redoublent de véhémence à leur égard, les cités croulent sous les détritus….Bref ! Tous les ingrédients pour faire du mois prochain une rentrée sociale houleuse sont présents. La grogne qui s'empare peu à peu du citoyen lambda à Souk Ahras a atteint récemment un pic avec le départ en congé du wali. C'est dire toute la problématique d'une gestion qui n'obéit guère aux engagements moraux des responsables sectoriels et autres élus locaux. Au moins une dizaine de doléances parvenues au journal font état de démission des édiles communaux et d'une gestion en panne. Il en est ainsi des communes de M'daourouch, Ouillen, Ain Zana, Merahna, Safel-el-Ouidène, Dréaâ et Souk Ahras, entre autres. On y déplore les perturbations dans l'alimentation en eau potable, la bureaucratie, l'absence de débouchés et les entraves à l'investissement productif, une gestion sélective des affaires de la cité et une foultitude d'entraves dressées contre toute bonne initiative. «Je peux vous assurer que notre commune, s'agissant de la dégradation du cadre de vie, de l'absence d'aménagement et des lenteurs dans la réalisation des projets d'utilité publique, sinon pourvoyeurs de postes d'emploi, la situation est la même depuis plus de quarante ans», a affirmé Nouredine.T, un sexagénaire natif d'El-Madjen, un hameau situé à quelques encablures de la commune de H'nencha. L'absence d'une majorité de membres de l'exécutif de la wilaya en cette période de congés a eu un effet négatif sur des dizaines de situations non assainies par les différents responsables. Le secteur de l'éducation en fait partie. Des arriérés non régularisés au problème des orientations aléatoires des élèves vers des spécialités qui ne répondent guère à leur profil, en passant par les déperditions scolaires et les différentes autres situations litigieuses, il est le premier secteur à offrir un terrain propice pour d'éventuels débordements dès les premières semaines de la rentrée scolaire. «On ne sait trop si la direction de l'éducation est consciente de l'effet boule de neige qu'elle est en train de provoquer depuis quelques mois dans cette wilaya», a avoué une source responsable très au fait du dossier des protestations enregistrées cette année dans ce même secteur. Le retour en force du commerce informel n'augure pas, à son tour, d'une maîtrise des foules malintentionnées et c'est souvent dans ce milieu magmatique des marchés illicites que l'on réussit le mieux à provoquer la colère, voire l'émeute. Le marché des bidonvilles dont les complicités sont à chercher tout près des élus communaux et de quelques fonctionnaires est l'autre zone de turbulences où sont impliqués de manière préjudiciable les auteurs des raccordements semi-légaux aux réseaux de gaz et d'électricité. Le chômage et l'exploitation des universitaires de la part d'employeurs véreux, compliqué par l'hibernation des instances de contrôle, dont l'inspection du travail, l'enclavement, l'érosion du pouvoir d'achat et la spéculation, une université sinistrée et un secteur de la jeunesse qui ne conçoit son épanouissement qu'à travers les marchés… sont autant de brèches à prendre au sérieux.