Le parti du Front de libération nationale replonge dans ses démons. Alors que l'opposition — constituée essentiellement d'anciens redresseurs qui semblent avoir été momentanément vaincus —, la lettre rendue publique fin juillet dernier par un groupe d'anciens moudjahidine donne, soudainement, un coup de pouce à tous ceux qui nourrissent le rêve de voir Amar Saadani quitter ses fonctions de secrétaire général du FLN. D'anciens cadres, à l'image de Abderrahmane Belayat, qui estime qu'il est le secrétaire général par intérim le plus légal après le départ de Abdelaziz Belkhadem en 2013, multiplient les sorties médiatiques. Mercredi dernier, Abderrahmane Belayat s'est réuni, à Tenès, avec d'autres responsables de son mouvement et a rendu public un communiqué dans lequel il exhorte le président de la République et président du FLN à «convoquer un congrès extraordinaire». Une rencontre qui devrait, selon les rédacteurs de ce document, pousser les militants à changer la direction de leur parti. Autre personnage, autre analyse. Abdelkrim Abada fait également une sortie médiatique. L'ancien mouhafadh et dirigeant du FLN estime, dans une interview accordée au journal El Khabar, que «le FLN ne doit pas rester» en l'état. Pis, l'homme croit savoir que la lettre signée par les moudjahidine a «déstabilisé» l'actuelle direction du FLN. Mais contrairement à Abderrahmane Belayat qui «travaille tantôt pour lui, tantôt pour Belkhadem», Abdelkrim Abada pense que la crise du FLN «n'est pas liée aux personnes». Ce qui ne l'empêche pas de s'opposer, publiquement, à un éventuel retour de Abdelaziz Belkhadem. «Jamais un secrétaire général évincé n'a repris du service», aime-t-il à rappeler. Pendant que les élites s'expriment dans la presse ou se réunissent dans des salons, la base, elle, bouillonne de nouveau. Dans certaines structures locales, le différend entre partisans et opposants à l'actuelle direction a carrément tourné à la bagarre. C'était le cas à Chlef où les partisans de Saadani, mobilisés par les mouhafadhs de la région, sont venus perturber la réunion que tenait Abderrahmane Belayat mercredi à Ténès. Du côté de la direction du FLN, on préfère répondre par à-coups. En l'absence de Amar Saadani, officiellement en congé depuis le mois de mai, le secrétaire général par intérim, Mohamed Boumahdi, fait semblant d'ignorer la gravité de la crise. Il estime que la réunion des opposants est «un non-événement». En même temps, il adresse une note aux responsables locaux pour leur demander de «faire une évaluation» des élus locaux du parti. Un prélude à une purge ou juste un travail de bilan en prévision des élections législatives de 2017 ? Tous les pronostics sont possibles. Mais le FLN ne finira pas de compter ses crises et le sort de Saadani sera décidé ailleurs que dans les instances du parti. C'est une tradition qui ne disparaît pas.