La réunion organisée par la direction du Parc national de Gouraya (PNG) afin de se concerter avec les associations, les universitaires, les services concernés directement par la lutte contre les feux de forêt et autres acteurs pouvant jouer un rôle dans la prévention, pour chercher le moyen de restaurer les dégâts causés par l'incendie de juillet dernier au mont Gouraya, a montré le déphasage entre l'administration et la société. Austérité oblige, la direction du PNG et sa partenaire, la direction des services des forêts, à l'origine de cette rencontre, se tournent vers les associations, avant d'avouer leur incapacité à faire face aux dégâts, faute de budget, de moyens matériels et surtout d'effectifs. Toutefois, en dehors de ce programme de «réparation des dégâts», qui a été proposé par la direction du PNG pour son enrichissement, les participants veulent revenir sur le sinistre et analyser ce qui n'a pas marché avant d'engager ou de réfléchir sur les solutions appropriées afin d'éviter ce genre de catastrophe à l'avenir. A l'image de l'association Ardh, des invités ont insisté sur «des solutions concrètes et efficaces, des moyens et un dispositif de lutte permanent afin de prévenir et anticiper le danger des feux». Les participants sont venus également dans l'espoir d'appuyer et de proposer des idées dans le volet de la prévention afin de compléter l'action de l'administration au lieu de la «solliciter uniquement pour ramasser les déchets après le passage des pollueurs», regrette une membre de l'association Nemla, une organisation qui a initié la semaine passée une marche d'indignation baptisée «Marche non contente» pour dire stop aux agressions contre la nature. Mieux, pourquoi ne pas situer les responsabilités d'abord, avant de s'engager dans la discussion de l'après-incendie ? se sont interrogés certains. C'est à peine si les participants faisaient allusion à la législation jugée «faible» et à l'Etat «démissionnaire et laxiste», comme cela a été signifié par une représentante de l'association Nemla, que les modérateurs les rappellent à l'ordre du jour. Lors de la réunion, le représentant de la circonscription des forêts de Béjaïa voulait critiquer le rôle des comités opérationnels de daïra (COD) et de commune (COC) qui n'ont pas réagi à temps, selon lui. Intervenant pour tenter de justifier «l'absence» du chef de daïra (décédé pour rappel quelques jours après le sinistre), qui préside la COD en vertu du décret n° 80-184 du 19 juillet 1980 portant la mise en place de ces organes, le représentant des services des forêts coupe la parole à son collègue et déclare que «le chef de daïra était souffrant au moment des faits», avant de reprocher à la presse d'avoir écrit «n'importe quoi à ce sujet». Le COD est présidé par le chef de daïra. Ceci dit, en son absence pour un motif déterminé, il devrait y avoir un intérimaire, voire toute une administration qui doit continuer à fonctionner. A noter que dans le cadre de la lutte contre les incendies, un dispositif a été créé par le décret n° 80-184 du 19 juillet 1980 portant mise en place des organes de coordination des actions de protection des forêts, dont le COD et le COC. Or, ces deux comités qui comptent dans la stratégie de lutte au sol étaient totalement «absents» pour reprendre le directeur du PNG, qui le disait à demi-mot sans les citer. Pour rappel, l'incendie de Gouraya a ravagé pas moins de 167 ha de la réserve naturelle et détruit des dizaines de ruches et d'arbres fruitiers offerts par le PNG à des exploitants habitant sur son territoire dans le cadre du PPDRI pour le programme de sauvegarde du parc. Les 21 et 22 juillet dernier, la population a suivi la trajectoire des flammes avec la peur au ventre, priant que le feu épargne leurs maisons. Pompiers et services des forêts suivaient, impuissants, l'évolution de l'incendie qui ne s'est pas propagé, fort heureusement, au port pétrolier et à la zone importante pour les plantes, à l'ouest du parc.