Dans cet entretien, Rachid Bouksim, directeur du Festival international du film amazigh d'Agadir, précise que la 10e édition du Finifa, prévue du 1er au 5 novembre prochain, revêt un cachet particulier. Elle sera, selon lui, le rendez-vous des acteurs du cinéma amazigh à l'échelle mondiale Cette année, vous allez organiser le 10e Festival international du film amazigh (Finifa), peut-on savoir comment se prépare cette édition ? La préparation de chaque édition se fait juste après la clôture de la précédente. C'est une tradition qui a permis à notre festival un bon niveau et une renommée internationale. L'édition de cette année a sa spécificité. Elle marque les 10 ans d'existence de notre festival et, de ce fait, les préparatifs ont un cachet particulier. Toute l'équipe Issni N Ourgh s'est mobilisée pour que le rendez-vous de cette année soit au niveau de 10 ans de travail d'arrache-pied pour la promotion du cinéma amazigh. Quelle sera justement la particularité du 10e Festival international du film amazigh par rapport aux éditions précédentes ? Nous travaillons, jour et nuit, pour que cette édition soit un événement international qui réunira, d'abord, des acteurs du cinéma amazigh à l'échelle mondiale et, ensuite, nous espérons partager ce 10e anniversaire avec le maximum de militants amazighs, notamment la génération des fondateurs. Ce sera ainsi un grand moment de retrouvailles afin de faire un bilan de ce qui a été fait pour l'amazighité. Cette édition s'organise sur le thème «Cinéma et société», avec un slogan révélateur «Agadir : capitale de la culture amazighe», et ce, pour rendre hommage à cette ville et à ses militants qui ont marqué l'histoire de la revendication identitaire. Pouvez-vous nous faire le bilan du festival depuis son lancement à ce jour ? Le Festival Issni N Ourgh international du film amazigh a commencé, il y a 10 ans. Au début, on est parti presque de rien pour une grande idée, comme disait Mohand Arab Bessaoud à propos de la naissance de l'Académie berbère. Comme toute idée noble, la nôtre a pu, au bout de quelques années de galère, trouver le soutien de quelques institutions, comme le Conseil communal d'Agadir et l'Institut royal de la culture amazighe ainsi que quelques sponsors privés. Nous avons commencé par l'organisation d'une caravane du cinéma en plein air qui sillonnait les villages du Sud marocain avant de mettre en place ce Festival international Finifa. Le bilan est très positif, car notre travail a permis à cette manifestation une continuité dans le temps. Des centaines de films y sont projetés, des centaines d'acteurs et cinéastes nationaux et internationaux ont pris part aux différentes éditions de cet événement. Des activités d'accompagnement ont été également organisées, à l'image des ateliers de formation en matière de métiers du cinéma, de débats et conférences à l'université d'Agadir, l'édition de livres sur le cinéma amazigh, la production d'une série de courts métrages en amazigh et la participation à de grands festivals internationaux (Paris, Genève, USA…). Nous avons invité aussi une dizaine de cinémas. Il s'agit d'un bilan très riche et varié. Peut-on savoir aussi quelles sont les perspectives de votre festival ? Après dix années d'existence, notre festival arrive à l'âge adulte. Il s'impose comme l'un des rares festivals dédiés au cinéma amazigh, qui a commencé avec les propres moyens de ses acteurs. Son seul soutien est son public. Les perspectives de notre festival sont de rester fidèle à l'idée noble qui l'a fait naître et travailler au service du cinéma en général et le cinéma amazigh en particulier. Notre association pense avoir des locaux pour être une référence en matière de cinéma amazigh et mettre en place des structures de formation dans le domaine. Nous espérons que l'Etat, via les ministères de la Culture et de la Communication et le Centre cinématographique marocain comprennent l'importance du travail que nous faisons depuis 10 ans pour le bien de la culture. Comment évaluez-vous l'apport du Finifa dans la promotion du cinéma amazigh ? L'apport de notre festival à la promotion du cinéma amazigh est considérable. Il a permis aux intervenants du domaine du cinéma de faire des échanges d'expériences et de mettre en place des projets communs. Notre festival est aussi un grand soutien aux acteurs amazighs via les différents prix qu'il discerne à chaque édition. Cela, sans oublier «le prix de solidarité» qu'il offre aux acteurs les plus démunis. Il fait connaître également ce cinéma dans les festivals internationaux. De même, chaque édition de notre festival est une occasion où les différents intervenants du cinéma amazigh se réunissent pour débattre de leurs problèmes.