La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s'est expliquée, hier, sur la participation de sa formation aux consultations préconisées par le chef de l'Etat. Lors d'une conférence de presse, organisée à la Mutuelle des travailleurs de la construction de Zéralda, à l'issue des travaux du comité central du PT, elle a parlé de “la continuité” de la démarche de son parti, en insistant sur le fait que “le PT ne s'adresse pas à des institutions internationales”. Pour Mme Hanoune, le pays se trouve dans “une situation révolutionnaire”, voire dans “un vrai processus avec un contenu social et une portée politique”, qui permettrait “une rupture avec toute la période du plan d'ajustement structurel et de la tragédie nationale”. “Nous n'avons pas de préjugés ni d'a priori sur la volonté de ceux qui organisent les consultations”, a révélé le leader du PT, prévenant que son parti “n'apporte aucune caution à la pensée unique”. Pas moins de vingt-quatre amendements ont été proposés par le PT à la commission Bensalah, portés sur neuf documents, dont deux réservés à la révision constitutionnelle. “Dans la Constitution, on doit préciser quels sont les secteurs stratégiques en Algérie, mettre les questions économiques fondamentales, les questions sociales, etc. On doit jeter les bases de la refondation de l'Etat, de la deuxième République”, a-t-elle déclaré. Mme Hanoune a beaucoup insisté sur “la priorité” de la Constitution, devant entraîner des élections anticipées. “Je réaffirme que nous sommes d'accord avec le président Bouteflika sur le fait qu'il faut que la Constitution émane d'une Assemblée crédible”, a-t-elle dit. Parmi les autres propositions présentées par le PT, figurent des “propositions pratiques” sur l'indépendance de la justice et celles relatives à la création de nouvelles institutions, à l'exemple de trois secrétariats d'Etat : le premier se chargerait de la promotion de tamazight “pour qu'il devienne langue nationale”, le second de “la promotion de l'égalité en droits et la citoyenneté” et le dernier secrétariat d'Etat serait chargé de “la promotion des droits de l'Homme et des couches les plus vulnérables”. Même si le comité central du PT adhère aux consultations, il tire la sonnette d'alarme sur “cette dérive”. Le PT a fait savoir qu'il n'apprécie pas la démarche de la commission consultative, qui consiste à ouvrir la voie à “un défilé qui n'en finit pas”, aux “cadavres politiques” et à “des sigles” faisant réapparaître “le clientélisme”. “Cette dérive démontre que ces consultations ne sauraient remplacer le débat populaire”, a soutenu la conférencière, ajoutant : “Nous disons que les consultations font partie du débat, mais elles ne sont pas tout le débat.” D'après Louisa Hanoune, le moment est venu d'engager “un large débat dans la société” et mettre fin au “paternalisme” et au “tutorat”. Au cours de la rencontre, la SG du PT a aussi informé que le ministère de l'Intérieur a demandé à son parti de lui présenter des propositions sur la loi sur les partis politiques. Elle a également critiqué l'initiative du Conseil national économique et social (Cnes) sur les prochaines assises des états généraux de la société civile, trouvant cette démarche de dialogue “très étrange”, alors que le Cnes a pratiquement été “gelé” pendant près de quatre ans. “Le président du Cnes se comporte comme s'il était le représentant de la Banque mondiale”, a-t-elle renchéri. Concernant la loi de finances complémentaire 2011, elle a noté “une régression”, puisqu'il n'y a pas cette fois “de parole des groupes parlementaires”. Mme Hanoune s'est, par ailleurs, exprimée sur les dernières mesures prises par l'Ansej et la Cnac en matière de délivrance des microcrédits et, donc, sur “l'utilisation des mêmes méthodes de trafic de l'argent public”, assurant que “ce sont les hommes d'affaires, utilisant leur femme et leur progéniture, qui bénéficient de ces crédits”.