Dans un secteur où des structures, dont le coût de réalisation oscille entre 50 et 500 millions de dinars, sont abandonnées dès leur réception, où les associations fantoches sévissent autant de fois qu'elles le désirent pour détourner l'argent public, où l'indigence est généralisée, voire institutionnalisée, où les irrégularités dans la gestion administrative et financière sont omniprésentes et où tout est manne et déstabilisation, le recours aux euphémismes rime avec mensonge. A Ragouba, Zaârouria, Taoura, M'daourouch… des Maisons de jeunes réalisées à coups de milliards sont abandonnées aux premiers jours de leur ouverture. Des équipements bureautiques et informatiques avariés sont admis dans la quasi-totalité des établissements. Le scandale des piscines et autres projets restés sans suite, est témoin de la gabegie et des projets de complaisance. Voici, in extenso, l'une des correspondances officielles (El Watan en compte 23) adressée au directeur de la jeunesse et des sports par le directeur d'un complexe de proximité : «J'ai l'honneur de vous informer que 4 des nouveaux ordinateurs délivrés par vos services sont défectueux» (n°19/2011) . Aucune suite n'a été donnée à cette correspondance et des émissaires avaient signifié à son rédacteur de taire le scandale sous peine de subir des réactions inattendues. Dans une autre correspondance signée par le maire de la commune de Ouillen, ce dernier dénonce les mêmes anomalies, s'agissant de la livraison de 14 ordinateurs défectueux et d'une salle de sport réceptionnée sans achèvement des travaux (correspondance n°564/2016). Le partenaire social, en l'occurrence les représentants du Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap), fait partie des contingents de dénonciateurs de la gestion du secteur. PROMOTIONS DE COMPLAISANCE Kamel Graoua, le représentant des travailleurs affiliés au Snapap a expliqué par les chiffres et les noms l'état de déliquescence avancé dans lequel est engluée la DJS depuis des années. «Le directeur de la jeunesse et des sports et ses collaborateurs, dont certains sont totalement étrangers au secteur, a instauré un climat de précarité concernant la gestion des carrières des employés (…) nous comptons des cas flagrant de non-respect de la législation du travail dont des sanctions arbitraires, des mutations et des promotions basées sur des présomptions», a-t-il déclaré. Il parlera à profusion de travailleurs lésés et d'autres sanctionnés même après leur réhabilitation par voie de justice, de structures sans gestionnaires et d'un engouement sans précédent pour le lancement de projets budgétivores aux conséquences néfastes pour le secteur. Dans les milieux sportifs, le groupe qui gère la DJS depuis neuf ans est tenu pour responsable de la situation chaotique de tous les clubs et associations à caractère sportif, voire de plusieurs scandales, malheureusement étouffés. PUTSCH À L'ESSA La DJS n'a pas tenu compte de l'imprévisible et des déclarations fracassantes faites par quelques staffs des équipes locales. Il s'agit d'abord du président de l'Entente sportive de Souk Ahras (ESSA), Ali Rouainia, qui dénonce depuis l'année 2010 les détournements dans les fonds des clubs et a réussi à cerner près de 9 millions de dinars retirés depuis une banque locale de manière frauduleuse, avec en plus un faux et usage de faux avéré. «Le putsch orchestré par le DJS et ses associés devait dissimuler des irrégularités et un passif accablant dans la gestion financière des clubs, où l'implication de la DJS est prouvée par les documents». Même les après-putschistes de l'ESSA reconnaissent ces faits. «Les dépenses excessives dans des contrats onéreux avec des joueurs des plus exigeants, les scandales des stades et des subventions, l'incapacité du club à honorer ses engagements par rapport aux aides déboursées par certains particuliers dont moi-même, sont autant d'indices d'un état de déconfiture auquel il serait difficile de remédier», a fulminé un autre dirigeant installé après son prédécesseur au sein d'un directoire, dans l'illégalité et avec la bénédiction des services de la DRG et du DJS. Abdallah Raffai, un autre dirigeant, parle de l'absence de perspectives et de l'improvisation dans le secteur. Les résultats sveltes et souvent squelettiques dans toutes les disciplines parlent d'eux-mêmes et le malaise ambiant n'admet aucun appel pour une condamnation unanime d'une gestion défaillante, perpétue, comble de l'affront, neuf longues années. Au moment où nous devions approcher le DJS, ce dernier était déjà appelé à d'autres fonctions. Toutes ces entités fictives, ces faunes d'entrepreneurs, de fournisseurs, de conseillers, de gestionnaires, d'élus….qui gravitent autour du lucre, sont invités à se recycler aux couleurs de la prochaine décennie.