«Notre principal ennemi aujourd'hui, c'est la médiocrité». C'est une Nouria Benghebrit confiante, dans un moment de polémiques engagées contre ses réformes, qui a présidé hier la conférence nationale sur la rentrée scolaire 2016-2017 réunissant les 48 directeurs de l'éducation du pays. «Nous avons longuement discuté sur le projet de réforme en Conseil des ministres. Cela dénote de l'intérêt accordé au secteur», s'en félicitait la ministre de l'Education lors d'un point de presse animé en marge de la conférence. Sans dévoiler la teneur des discussions, elle affirme toutefois, concernant la réforme de l'examen du baccalauréat, qu'aucune matière ne sera écartée et qu'a contrario la limitation des jours des épreuves et le contrôle continu ont été acceptés, ainsi que la méthodologie d'application progressive des propositions. Rappelons qu'au lendemain du scandale du bac 2016, caractérisé par la fuite massive des sujets d'examen induisant une deuxième session, la ministre avait engagé en partenariat avec les partenaires sociaux un projet de réforme dont les lignes phares étaient, en plus de celles citées précédemment, la spécialisation de l'épreuve en écartant certaines matières dites secondaires. «Nous allons reformuler certaines propositions du projet de réforme et elles seront présentées, plus tard, au Conseil des ministres», informe Benghebrit. Devant ses directeurs de wilaya, la ministre de l'Education tient un discours mobilisateur. «J'insiste sur l'impérative application sur le terrain de la politique tracée par le ministère. Vous devez être des leaders au sens propre du terme. Il faut inculquer à chacun la notion d'intelligence collective pour construire une école algérienne de qualité, car sans les gens de terrain on n'arrivera pas à concrétiser nos objectifs», prône-t-elle en déclarant à l'adresse des directeurs de wilaya : «Aucun de vous dans cette salle n'a été désigné à la faveur d'une proximité réelle ou supposée. Vous avez été installés sur la base de vos CV et vos efforts fournis.» Manifestement excédée par les polémiques et autres accusations aux relents idéologiques, Mme Benghebrit affiche une attitude sereine. «Nos ennemis actuels sont la médiocrité des résultats scolaires, la gestion, les relations avec les partenaires et la société. Les solutions existent dans la stratégie nationale pour le traitement pédagogique, la formation des enseignants, la gestion dans la transparence et l'application de la charte d'éthique du secteur», rassure-t-elle. La ministre indiquera par ailleurs : «Plus de fausses informations, de rumeurs et de mensonges» sur le travail effectué par le ministère car l'année 2016-2017 sera caractérisée par des agendas et des élections politiques (législatives). «Si l'ambition des uns et des autres est légitime, l'école doit rester au-dessus de tout car l'enjeu touche la société toute entière», rappelle-t-elle. Et cet enjeu est de former un citoyen doté de repères nationaux ancrés, un citoyen attaché aux valeurs algériennes, capable de comprendre le monde qui l'entoure, s'y adapter et influer sur lui, et qui soit ouvert sur la civilisation universelle. Tels sont les défis lancés par la première responsable du secteur de l'éducation. Et pour arriver à ses fins, elle demande aux directeurs de wilaya d'adopter un mode de gestion basé sur un regard prospectif sous l'égide du plan de travail mis en place par le ministère pour 2016-2019. Ce plan élaboré en six mois qui, insiste la ministre, se base sur la légitimité constitutionnelle et la loi d'orientation de l'éducation nationale s'articule autour de huit points, à savoir : le renforcement de l'équité, l'amélioration de l'apprentissage, la prise en considération des normes pédagogiques dans l'orientation, l'amélioration de la gouvernance, de la gestion des ressources humaines et du professionnalisme à travers la formation, le renforcement des opérations de scolarisation, ainsi que le développement de l'intermédiation et du dialogue.