Les délégués des archs ont dénoncé, à l'issue d'un conclave tenu à Tizi Ouzou le week-end dernier, « la non-application des engagements solennels annoncés durant le processus du dialogue ». L'accord portant sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur a été signé le 15 janvier 2005 entre l'ex-chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et les représentants des archs. Les délégués se sont adressés, récemment, au président de la République au sujet des « blocages manifestes dans l'application des engagements pris au nom de l'Etat ». Face au « reniement et à la fuite des responsabilités », la CADC menace de recourir à des actions pour faire entendre sa voix. Le processus de dialogue avait permis quelques acquis, comme le statut et l'indemnisation des victimes, mais avait buté sur la question de l'officialisation de tamazight, une perspective écartée par le président de la République en dépit des engagements de son Premier ministre. Ahmed Ouyahia s'était notamment engagé pour le transfert des dossiers des gendarmes auteurs d'assassinats devant des juridictions civiles. L'accord du gouvernement avait connu une ébauche de mise en application avec les auditions devant la cour de Tizi Ouzou des parents de Guermah Massinissa, la première victime du printemps noir. La procédure n'a pas connu de suite depuis lors. A ce jour, seul le dossier d'une victime de la commune de Aït Yahia Moussa a été transmis effectivement à un tribunal civil, mais avec cette particularité que l'auteur de l'assassinat était un garde communal. Juger et faire condamner les auteurs et les « commanditaires » des assassinats commis durant les événements tragiques de 2001 s'avère aujourd'hui une revendication trop lourde qui pèse sur les épaules des délégués des archs. D'autant plus que des dissensions sont apparues ces derniers jours au sein des structures de ce mouvement. La coordination de Béjaïa (CICB) a tiré à boulets rouges sur Bélaïd Abrika, l'accusant de s'engager dans des activités au nom du mouvement citoyen sans qu'il en soit mandaté. La CICB soupçonne Abrika d'utiliser le mouvement comme « tremplin pour une promotion politique personnelle ». La dernière déclaration de la CADC ne répond pas avec la même véhémence mais rassure que « le mouvement citoyen, fidèle à ses principes fondateurs, ne saurait accepter de se transformer en parti politique ». Une position qu'il faudra relativiser puisque la même déclaration appelle à un « sursaut des démocrates », face au retour des « bourreaux d'hier » (entendre par là les islamistes blanchis par la loi). Les délégués des archs ne se démarquent pas du débat politique et veulent même influer sur le projet de révision constitutionnelle. Si la création d'un parti politique sur les bases du mouvement citoyen est écartée par ses animateurs, il n'en demeure pas moins que des figures ont pu émerger ces dernières années et peuvent prétendre, sous d'autres formes, à une activité politique structurée, vu que le parcours et le capital de lutte engrangé ne peuvent pas être rayés d'un trait de plume.