Les yeux seront aujourd'hui braqués sur le conclave extraordinaire prévu à Azib-Ahmed dans la wilaya de Tizi Ouzou auquel revient en dernier ressort la souveraineté des suites à donner au processus de dialogue. Maintenant que la phase préliminaire du dialogue entre les onze délégués mandatés par le conclave de l'Interwilayas, tenue la semaine écoulée à Boudjellil dans la wilaya de Béjaïa, et Ahmed Ouyahia, vient d'être sanctionnée par l'“engagement” du chef de l'Exécutif à satisfaire cinq des six “incidences”, les yeux seront aujourd'hui braqués sur le conclave extraordinaire prévu à Azib-Ahmed dans la wilaya de Tizi Ouzou auquel revient en dernier ressort la souveraineté des suites à donner au processus de dialogue. C'est en grande partie en fonction de l'appréciation des résultats de cette première “prise de langue” et de l'évaluation de la “moisson” que sera connu le sort du dialogue, du moins si l'on se tient aux recommandations du dernier conclave. Les délégués présents au dernier conclave de Boudjellil avaient, rappelle-t-on, presque à l'unanimité, conditionné le dialogue autour de la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur à la satisfaction des “six incidences” contenues dans le protocole d'accord. Si aujourd'hui, au regard des premières impressions dans l'entourage de la délégation, l'optimisme est de rigueur, l'absence de délai dans la mise en application et le “compromis” autour de la sixième “incidence” est de nature à susciter des appréhensions. Et d'ores et déjà, des voix proches de la délégation ne manquent pas de le souligner : “Il est hors de question d'aller au dialogue avant la concrétisation sur le terrain des engagements d'Ahmed Ouyahia.” Dans ce contexte, il faut bien convenir que le chef de l'Exécutif s'est contenté de simples professions de foi en indiquant qu'il “s'engage” à les satisfaire “dans les prochains jours” sans autre précision. Sans compter, bien entendu, les lourdeurs bureaucratiques pour la prise en charge du point relatif à la défiscalisation puisque Ouyahia préconise la mise en place d'une commission à cet effet. Mais c'est sans nul doute le point relatif à la révocation de ce que les délégués qualifient d'“indus élus” qui sera sujet à polémique. Confit dans la culture de la diplomatie et de la manœuvre, Ahmed Ouyahia a réussi, de l'avis de nombreux observateurs, à contourner cet écueil en l'intégrant dans le processus de mise en œuvre qui, lui, objectivement, ne risque pas d'intervenir de sitôt au regard du calendrier. Et tout le monde s'accorde, aujourd'hui, à dire qu'il était prévisible que le chef de l'Exécutif ne céderait pas d'un iota sur ce point en raison de ses conséquences politiques et juridiques. Il va sans dire donc que les délégués apprécieront, aujourd'hui, différemment, ce qui pour certains pourrait apparaître comme “sensé” et pour d'autres comme “un recul”. Autant dire que la polémique n'est pas exclue. Cependant, pour d'autres délégués, ce premier round constitue une avancée considérable. Ils ne cachent pas d'ailleurs leur satisfaction. Ils estiment, à juste titre, que le chef de l'Exécutif est contraint, aujourd'hui, de satisfaire les incidences et de procéder à la mise en œuvre sans quoi “point d'élection présidentielle”, disent-ils. Aux antipodes de cette aile du mouvement, d'autres coordinations hostiles au dialogue tel qu'engagé se retrouvent, aujourd'hui, à Sidi-Aïch pour une marche populaire destinée à dénoncer leurs pairs accusés “d'avoir marchandé la plate-forme d'El-Kseur”. La rencontre de la délégation avec Ouyahia est perçue comme “un cuisant échec”, puisque, relèvent certains délégués, “Ouyahia n'a fait que des promesses comme l'a déjà fait Bouteflika sans qu'il y ait concrétisation sur le terrain”. D'ailleurs, ils prévoient d'organiser une action nationale à l'issue d'une Interwilayas prévue jeudi prochain. Dans ce climat sous-tendu par des considérations politiques, on peut dire, en définitive, sans risque de se tromper, que les archs seront, ce week-end, face à leur destin. K. K.