Slimane Bouhafs, ancien policier converti au christianisme, a été condamné, hier, à 3 ans de prison ferme par la cour de Sétif où s'était tenu, la semaine dernière, son procès en appel. Il avait été condamné en première instance, le 7 août dernier, à 5 ans de prison ferme et 100 000 DA d'amende pour «dénigrement des préceptes de l'islam et atteinte au Prophète Mohamed», sur la foi de publications postées sur sa page facebook. Selon des membres de sa famille joints par téléphone, Slimane Bouhafs aurait bénéficié de «circonstances atténuantes» pour voir sa peine réduite de deux ans au moment où ses avocats attendaient un geste de clémence synonyme de liberté de la part de la justice. C'est donc un verdict «d'une extrême sévérité» auquel ne s'attendaient ni ses proches ni ses avocats qui avaient demandé l'annulation pure et simple des charges retenues contre lui au vu des «très nombreuses irrégularités et vices de forme constatées lors de son arrestation puis de son jugement en première instance le 31 juillet dernier au tribunal de Beni Ouartilane». Au vu également du dossier médical de Slimane Bouhafs, présenté comme pièce à conviction et qui atteste que l'homme «souffre de troubles psychiatriques résultant de ce qu'il avait vu et vécu durant la période où il s'était engagé dans la lutte antiterroriste». La première réaction à ce verdict est venue de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) qui, dans un communiqué rendu public hier, en fin de matinée, considère que «l'emprisonnement pour des délits d'opinion ou de culte est un antécédent grave» qui est « en contradiction avec la Constitution et le standard universel des droits de l'homme». La LADDH rappelle également «sa requête d'amender l'article 144 bis du code pénal relatif à l'offense contre la religion et les symboles de l'Etat, qui, en fait, ouvre la voie à toutes les interprétations et abus». Pour rappel, dans un précédent communiqué publié la veille du verdict, la Ligue avait appelé à la libération de Slimane Bouhafs en soulignant qu'«il n'a fait qu'exprimer son opinion d'appartenir à un autre culte religieux», tout en rappelant que «la liberté de culte est reconnue par la Constitution algérienne».