Le tribunal de première instance de Beni Ourtilane avait condamné le mis en cause à la peine maximale, à savoir cinq ans de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA. Mis en délibéré depuis une semaine, le verdict du procès en appel, dans l'affaire de Slimane Bouhafs, un quinquagénaire de confession chrétienne, depuis 2002, accusé d'avoir porté préjudice aux préceptes de l'Islam et au Prophète, a été rendu, hier. Trois ans de prison ferme pour avoir publié et partagé avec des activistes d'Algérie et de Tunisie, des écrits et des photos sur sa page facebook, selon l'article 144 bis 2 du code pénal qui stipule : "Est puni d'un emprisonnement de trois ans à cinq ans et d'une amende de cinquante mille à cent mille dinars, ou l'une de ces deux peines seulement, quiconque offense le Prophète (paix et salut soient sur Lui) et les Envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l'islam, que ce soit par écrit, dessin, déclaration ou tout autre moyen." Aussi, cette peine est dénoncée par la Laddh qui considère que "l'emprisonnement pour des délits d'opinion ou de culte est un antécédent grave qui est en contradiction avec la Constitution et le standard universel des droits de l'Homme, elle rappelle sa requête d'amender l'article 144 bis du code pénal relatif à l'offense contre la religion et les symboles de l'Etat, qui, en fait, ouvre la voie à toutes les interprétations et abus". De leur côté, les avocats de Slimane Bouhafs ont indiqué qu'ils feront appel de cette décision. Ainsi, le juge qui a statué, hier, dans cette affaire qui, faut-il le souligner, a suscité de nombreuses réactions d'indignation de militants des droits de l'Homme et de l'ONG Amnesty International, a réduit la peine prononcée par le tribunal de première instance de Beni Ourtilane, il y a quelques semaines. Ce dernier avait condamné le mis en cause à la peine maximale, à savoir cinq ans de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA. Mardi dernier, après avoir mis un terme aux discussions et plaidoiries, le procureur de la République a demandé la confirmation de cette peine. Les avocats de la défense, quant à eux, ont demandé la libération de leur client. Il est à rappeler que l'ancien coordinateur et délégué du mouvement des "arouch" dans le nord de la wilaya de Sétif est revenu, lors du procès, sur une partie de ses déclarations, en précisant qu'il n'était pas l'auteur desdits textes et photos et qu'il n'a fait que partager des publications souvent non lues. Il a catégoriquement réfuté l'accusation d'offense à la religion islamique et au Prophète. Rappelons que Slimane Bouhafs, dont les proches qualifient l'affaire de "délit d'opinion et de liberté d'expression", a été arrêté et incarcéré au centre de rééducation de Sétif à la fin du mois de juillet dernier avant de comparaître devant le tribunal de Beni Ourtilane près la cour de Sétif. F. SENOUSSAOUI