C'est très certainement la conduite de la guerre en Irak qui servira d'arbitre entre l'Administration du président Bush et l'opposition démocrate, lors de l'élection du mi-parcours de la semaine prochaine. Le premier fait tout pour que son camp ne perde pas cette élection déterminante pour la suite, tandis que les autres considèrent que les jeux sont faits et qu'ils sont engagés sur une voie royale pour la prochaine bataille, celle qui les mènera à la Maison-Blanche. Et depuis que les thèmes de bataille sont captés par l'opinion, l'opposition démocrate américaine est passée à la phase supérieure en promettant d'œuvrer avec l'administration Bush à la recherche d'une solution pour l'Irak si, bien entendu, elle conquiert la majorité au Congrès dans dix jours le 7 novembre prochain. « Si nous voulons une nouvelle direction en Irak, il nous faut une nouvelle équipe au Congrès », a déclaré Jim Webb, candidat démocrate au poste de sénateur de Virginie (sud-est), actuellement détenu par un républicain. « Un Congrès démocrate exigera dès le premier jour que le président (Bush) trouve une façon réelle d'aller de l'avant en Irak. Nous travaillerons avec l'Administration et les autres républicains pour développer un plan concret, mais aucun de nous n'est prêt à se satisfaire d'une rhétorique creuse, ou des mêmes résultats inacceptables », a ajouté M. Webb, dans le cadre de la réponse du parti démocrate à l'adresse radiodiffusée hebdomadaire du président Bush. M. Webb est un ancien responsable du Pentagone durant la présidence de Ronald Reagan. Il est favorable à un retrait d'Irak des troupes de combat et à l'organisation d'une conférence internationale. Cette déclaration intervient alors qu'un sondage publié samedi par l'hebdomadaire Newsweek montre que l'Irak reste la principale préoccupation des électeurs, appelés le 7 novembre à renouveler toute la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Les électeurs ont plus confiance dans les démocrates que dans les républicains (45% contre 33%) pour gérer la situation en Irak, mais 29% des Américains estiment que les Etats-Unis font des progrès, une amélioration de 4 points en une semaine. Au niveau national, les démocrates bénéficient de 53% des intentions de vote des électeurs « probables », contre 39% pour les républicains et la cote de popularité du président Bush remonte de deux points à 37%, selon ce sondage. De leur côté, le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki et le président Bush ont annoncé samedi la formation d'un groupe de travail de haut niveau pour la sécurité en Irak. MM. Maliki et Bush ont annoncé aussi la mise en place d'un groupe de travail de haut niveau pour la sécurité en Irak. Il associe notamment deux ministres irakiens, le commandant des forces américaines en Irak et l'ambassadeur des Etats-Unis à Baghdad. Cet entretien est intervenu au lendemain d'une rencontre du chef du gouvernement irakien avec l'ambassadeur des Etats-Unis, Zalmay Khalilzad, au cours de laquelle il lui a signifié qu'il était « l'ami des Etats-Unis mais pas l'homme de l'Amérique », selon un proche conseiller de M. Maliki. « Je me considère comme l'ami des Etats-Unis mais pas comme l'homme de l'Amérique. J'ai été élu par le peuple et le Parlement m'a désigné. Il est nécessaire que vous coordonniez avec moi les actions dans le domaine de la sécurité et que vous ne preniez pas des décisions unilatérales », a dit M. Maliki, cité par son conseiller Hassan Sunaid. Après une semaine de tension entre le gouvernement irakien et les Etats-Unis, MM. Maliki et Khalilzad avaient, dans une démarche inhabituelle, publié vendredi soir après leur rencontre un communiqué commun dans lequel les Etats-Unis se déclarent « pleinement disposés » à aider le gouvernement irakien à atteindre ses objectifs selon le « calendrier » que celui-ci s'est fixé. « Le gouvernement des Etats-Unis soutient totalement les objectifs » du gouvernement irakien et « apportera son concours pour que cela soit une réussite », selon ce communiqué. Sa publication visait à dissiper la polémique née au cours des derniers jours sur l'acceptation ou non par Baghdad d'un « calendrier » de travail fixant les échéances des grandes décisions à prendre pour stabiliser l'Irak. Le sentiment d'un désaccord entre Baghdad et Washington était apparu lorsque l'ambassadeur des Etats-Unis avait annoncé mardi que le gouvernement irakien avait accepté un calendrier de travail. Le lendemain, lors d'une conférence de presse, M. Maliki avait affirmé que son gouvernement n'avait accepté aucun calendrier et que personne n'avait à lui en imposer un. Peut-être que la situation sur le terrain contraint à des décisions d'urgence. Le mois d'octobre est le plus meurtrier depuis janvier 2005 pour l'armée américaine en Irak, où 144 000 soldats sont déployés. Rien n'y fait, surtout pas les discours qui se veulent rassurants. Il y en a eu tellement depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003. Mais les faits sont évidents. Et cette fois, il s'agit de savoir comment en sortir.