Le secteur de l'éducation et sa première responsable, Mme Benghebrit, se retrouvent sous un feu nourri de critiques, s'appuyant cette fois sur des «erreurs» contenues dans les nouveaux manuels scolaires. Les services du ministère de l'Education nationale ont précisé hier que l'erreur contenue dans le livre de géographie a été commise au niveau de l'impression par l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag), qui est sous la tutelle du ministère de la Culture. La deuxième génération des programmes scolaires, entrés en vigueur cette année pour les deux premières années du primaire et la première année moyenne, continue d'être ciblée par les détracteurs de la politique d'«algérianisation» du contenu. Une erreur contenue dans une page du manuel de géographie de la 1re année moyenne, faisant paraître Israël à la place de la Palestine, est en train d'être utilisée par les opposants à la réforme prônée par Nouria Benghebrit depuis son arrivée à la tête du ministère de l'Education nationale. Les courants hostiles à cette réforme, qui crient à une «manœuvre de normalisation avec l'entité sioniste», attribuent des coupures de textes au contenu peu crédible aux nouveaux manuels, alors que ces écrits n'ont aucun rapport avec le livre scolaire algérien, à l'exemple d'une définition de la population algérienne, composée selon un texte circulant sur le web présenté comme étant issu du nouveau manuel. Ce texte prétend que 80% de la population algérienne est arabe, le reste, précise le texte est «un mélange de Chaouis, Kabyles et Beni M'zab». Les services du ministère de l'Education nationale ont précisé hier que l'erreur contenue dans le livre de géographie a été commise au niveau de l'impression par l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag), qui est sous la tutelle du ministère de la Culture. «La copie du manuel validée par la commission de lecture et celle des programmes sous la tutelle du département de l'Education ne portent aucune mention d'Israël que ce soit sur les cartes géographiques, ou autres textes», précise le ministère de l'Education. Une source de ce département a expliqué à El Watan que «c'est au moment de l'impression que l'infographe de cette entreprise (enag) a eu recours à une carte du moteur de recherche Google au lieu de reproduire celle de la copie validée par le ministère de l'Education nationale». Cette version est confirmée par le directeur général de l'ENAG, Hamidou Messaoudi, a qui reconnu, sur Ennahar TV, que l'erreur vient de l'entreprise qu'il gère. Il explique l'erreur par «le travail sous pression durant le mois de Ramadhan». Les services du ministère restent prudents quant aux motivations réelles de l'auteur de cette erreur. «Le ministère a décidé l'ouverture d'une enquête», se contentent de répondre les responsables de ce département à la question de savoir si les nouveaux manuels font objet de sabotage. Le ministère de l'Education nationale a décidé le retrait immédiat du manuel de géographie de la 1re année moyenne suite à la constatation d'une erreur, a indiqué jeudi un communiqué de cette institution. «Suite à la constatation d'une erreur dans une page du manuel de géographie de la 1re année moyenne, édité par l'Entreprise nationale des arts graphiques, le ministère de l'Education nationale a pris la décision de procéder au retrait immédiat du manuel en exigeant de l'éditeur d'apporter les rectifications nécessaires», précise le communiqué. Il faut rappeler que la réforme des programmes, à travers laquelle celle des livres scolaires, table sur un contenu à 80% d'auteurs algériens. Les cours d'histoire et de géographie visent également à «réconcilier l'élève algérien avec sa véritable identité à travers toutes ses dimensions». Des représentants d'enseignants considèrent qu'il s'agit d'«un acte de sabotage de la même nature que celui ayant ciblé la session du bac 2016». «Impardonnable» Le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) estime qu'«il faut identifier les commanditaires de ces actes, qu'il s'agisse de la fuite des sujets ou de la faute dans le manuel de géographie». «Seulement, il faudra connaître les véritables commanditaires qui ciblent la réforme de l'école», soutient Meziane Meriane. Ce dernier estime que la réparation de l'erreur «ne nécessite pas le retrait des livres». Et d'enchaîner : «Il suffit juste de faire rectifier la carte par les enseignants et d'expliquer aux élèves concernés la position algérienne vis-à-vis de la question palestinienne.» Boualem Amoura, du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), estime que cette erreur «est impardonnable» et que les auteurs du manuel doivent être «sévèrement sanctionnés». Le syndicaliste s'interroge sur les motivations réelles des responsables ayant édité le livre, «puisqu'une seule lecture de l'ouvrage après son impression aurait permis de déceler cette erreur grave», estime-t-il. Le même syndicaliste appelle «à rompre avec la culture de l'impunité qui normalise les dérapages». «Les membres de la commission de lecture et ceux ayant édité les livres sont identifiables et doivent assumer leur responsabilité dans cette erreur qui a fait produire des informations en contradiction avec la politique de notre pays», ajoute M. Amoura.