On appréhendait le vol massif dans les palmeraies, qui s'est érigé en phénomène de société, ces dernières années, à Ouargla comme à Oued Righ. La commune de Ouargla est la seule à s'être enfin résolue à prendre au sérieux les doléances des agriculteurs en instaurant le 10 septembre comme date officielle du commencement de la récolte et en interdisant la vente sur les étals de Deglet Nour durant la première quinzaine du Ramadhan. Mais voilà qu'un autre phénomène, naturel celui-là, frappe de plein fouet la palmeraie. Selon le rapport établi par la direction des services agricoles de la wilaya, transmis au wali et au ministère de tutelle dernièrement, le secteur phoenicicole de la wilaya de Ouargla est sinistré à 50% par la canicule aoûtienne. Celle-ci aurait été fatale pour Deglet Nour et Gherss, dont la moitié a été affectée par le « tehchef », qui fait que la datte interrompe son cycle de maturité et se dessèche sur pied avant terme. 50% de la récolte de dattes sont réduits, désormais, à de l'aliment de bétail, donc impropres à la consommation humaine, ce qui élève le préjudice économique à plus de 2 milliards de dinars, selon les estimations des techniciens de l'agriculture. Les prévisions effectuées au début du mois d'août laissaient pourtant prévoir une récolte exceptionnelle de plus d'un million de quintaux de dattes, toutes variétés confondues. Les dernières données recueillies en septembre auprès des agriculteurs de la région et confirmées par les subdivisionnaires de l'agriculture au niveau des daïras certifient ce constat qui fait état de la détérioration massive subie par la récolte. « Une perte qualifiée de catastrophe pour l'économie locale, notamment celle des petits agriculteurs », déclare Abdelfatah Touihrat, directeur de la production agricole au niveau de la direction des services agricoles de Ouargla. Ce responsable explique qu'un écart positif de l'ordre de 200 000 quintaux était attendu pour la saison 2006-2007 par rapport à l'année dernière qui a enregistré une récolte de l'ordre de 800 000 q ou celle d'avant avec 778 443 q. « Une véritable récolte répondant aux aspirations du secteur était attendue cette année en couronnement des efforts et moyens colossaux orientés vers l'intensification de la phoeniciculture durant les cinq dernières années. » C'est l'abandon de la céréaliculture et la réorientation de l'effort agricole vers les cultures du terroir qui ont permis ce bond. Le plan national de développement de l'agriculture (PNDA) a incité à la plantation de nouveaux pieds de palmiers dont le nombre équivaut à ceux plantés durant la période coloniale. Une stratégie qui a fait grimper le nombre de palmiers de 1 884 000 pieds en 2000 à 2 980 000 pieds en 2006. Ce patrimoine phoenicicole est constitué à 54% de Deglet Nour, 30% de Gherss, 6% de Degla Beida et 10% de variétés communes dites Degouls.