Ouargla va boire, mais également respirer. C'est du moins ce qui est apparu lors de la visite de Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, dans cette ville située à 843 km au sud d'Alger et connue pour son immense palmeraie. Ouargla : De notre envoyée spéciale De ses forêts de palmiers, il ne subsiste que le décor car bien qu'élégamment dressés vers le ciel, les palmiers de Ouargla ont terriblement souffert. Ils ont souffert d'un manque d'eau puis de l'excès d'eau. La plupart ont baissé les palmes suite à l'attaque du sel. Le phénomène de la remontée des eaux dans la vallée de Ouargla a posé de graves problèmes de salubrité, source de maladies à transmission hydrique. L'agriculture, mais également le confort de ses résidents, ont fortement été troublés par ces mares d'eau qui stagnaient sur le sol sableux et fragile de la contrée. Aujourd'hui, des opérations sont mises en œuvre par l'hydraulique pour voir cesser ce phénomène. Autre grande nouvelle : tous les quartiers de Ouargla seront connectés au réseau d'assainissement. Tous, même les derniers sites qui ont vu pousser des infrastructures nouvelles, constituant ainsi un nouveau pôle administratif dans la ville. De la voix même du ministre en visite sur les lieux, plus personne à Ouargla n'aura à souffrir du phénomène de la remontée des eaux. Et peut-être que le million de palmiers qui faisaient la fierté de la vallée pourront se régénérer et connaître l'opulence d'autrefois. C'est à partir des années 1970 que l'eau est arrivée à manquer et que les habitants de Ouargla se sont mis à prélever l'eau de la nappe phréatique. L'exploitation fut tellement importante, pas loin de 400 litres d'eau par jour et par habitant, qu'ils ont dû puiser dans les profondeurs de l'albien. Là où l'eau date de milliers d'années. L'exploitation fut donc importante mais les rejets aussi, car une fois usée, l'eau est rejetée dans les fosses, faute d'exutoire. Les fosses communiquant avec la nappe phréatique trouvent cette dernière complètement polluée puis saturée. C'est comme dans une éponge où on met trop d'eau, cela a débordé pour remonter à la surface et créer d'immenses mares. La catastrophe fut double : la nappe était polluée et lors de l'évaporation des mares d'eau, le sel subsistant dans le sable, rongeait les palmiers et fragilisait les sols. D'ailleurs les sols ont tellement été fragilisés qu'il s'en est suivi des affaissements de terrain. Ouargla sentait mauvais et s'enfonçait dans une fosse. Mieux qu'Alger, Ouargla va connaître un réseau d'assainissement des plus performants et des plus durables. Les réseaux en PLV, utilisés dans tous les pays du monde, placent la ville dans un standing haut de gamme. L'enveloppe est de 21 milliards de dinars. Suite à la décision de M. Sellal d'annexer tous les quartiers au réseau, le coût devrait augmenter de 400 millions de dinars. « Mais le jeu en vaut la chandelle », explique le ministre. En effet, « c'est d'un véritable patrimoine immobilier enfoui dans le sable dont va être dotée la vallée », commente Karim Hassni, DG de l'Office national d'assainissement (ONA). D'ailleurs, seuls des monstres de la construction hydraulique sont sur le projet : Vinci construction, leader au monde, mais également Butec Sal, entreprise libanaise, qui aura à procéder à une technique inconnue en Algérie et qui consiste à blinder d'acier les tranchées afin de permettre un travail à sec. Dywidag, l'allemand, a remplacé le béton par le PRV, et enfin le portugais Eusébios-SNTP dont les techniques sont à elles seules écologiques comme la plantation de roseaux connue pour ses effets draineurs. Quant à la consistance même du projet, il s'agit de pourvoir Ouargla, Aïn El Beida et Rouissat d'un système comprenant un réseau d'assainissement, d'une station d'épuration et de 18 stations de pompage. Aujourd'hui, le système est exploité à titre industriel et devrait fournir, d'ici à 2030 environ, 400 000 litres d'eau. Le projet comprend également le système de Sidi Khouiled qui bénéficie d'un réseau d'assainissement, de 2 stations de pompage et une d'épuration. Le système de N'goussa aura une station d'épuration, de pompage en plus du réseau d'assainissement. A Touggourt, où le ministre s'est déplacé, il est question de mettre en place une station de déminéralisation qui devrait résoudre les problèmes liés au tartre dans les conduites. En effet, l'eau étant d'une grande dureté en sel, sans que la quantité soit préjudiciable à l'homme, elle entartre les conduites. Il est question d'amoindrir le taux de salinisation à 0.5 g au lieu de 2.2 g. Un même programme d'assainissement est en cours à El Oued et connaît un avancement plus important car d'une géologie plus facile à travailler.