Cevital, premier groupe privé d'Algérie de l'homme d'affaires Issad Rebrab, ambitionne d'augmenter ses recettes liées aux exportations à 3 milliards de dollars annuellement au cours des trois prochaines années. «Nous avons décidé, en tant que groupe Cevital, que d'ici trois ans, on doit dégager plus de 3 milliards de dollars de recettes à l'exportation par an. On ne s'arrêtera pas à l'électroménager, au verre plat ou à l'agroalimentaire. Nous allons le faire dans tous les secteurs où nous investissons. Si on prend les choses en main du bon côté, il n'y a aucun problème pour faire passer notre pays du stade d'importateur au stade d'exportateur», a affirmé Issad Rebrab, PDG du groupe industriel, lors de la première édition des rencontres Club Export organisée dans la soirée de lundi à l'hôtel El Aurassi par le World Trade Center, et consacrée au potentiel du marché africain. Pour atteindre son objectif, le patron du groupe industriel compte notamment sur les performances de ses filiales Agro-Cevital (huile et sucre), Oxxo (fenêtres et portes en PVC) et MFG (verre plat). «L'Afrique n'est pas notre seule destination et n'est pas la plus importante. Nous exportons aujourd'hui différents produits, notamment le sucre, dans plus 28 pays à travers le monde. Donc, il ne faut pas se limiter au marché africain», a insisté Issad Rebrab. Celui-ci devra aussi miser sur le complexe électroménager de Sétif (Brandt), entré en production récemment avec une capacité de 8 à 10 millions d'articles électroménagers. «C'est la première fois dans l'histoire de l'Algérie, à ma connaissance, qu'un produit fabriqué à Sétif a remporté le prix Janus d'innovation et de design en France. Aujourd'hui, une proportion de 100% de la production est destiné à l'exportation», a-t-il affirmé. Adepte de la colocalisation, Issad Rebrab a expliqué que pour grandir, «il faut produire à une taille mondiale et à l'aide des technologies de dernière génération, bénéficier des brevets et surtout d'un réseau de distribution». Cela dit, le problème de la logistique constitue, à ses yeux, un sérieux écueil pour les producteurs locaux. «Notre pays a toutes les possibilités de fabriquer des produits de qualité et compétitifs, en tenant compte de la logistique. La logistique, ce n'est pas simplement l'affaire des entreprises, cela concerne aussi le pays», a fait savoir le patron du groupe, déplorant que les ports algériens soient actuellement saturés, d'où la nécessité, selon lui, d'autoriser les opérateurs à investir dans les ports. Intervenant lors de la rencontre, Brahim Benabdeslam, vice-président du FCE, a regretté le fait que l'Algérie soit très en retard dans la conquête du marché africain. «L'Algérie n'a pas de stratégie vis-à-vis du marché africain. Il faut une stratégie consensuelle qui associera les opérateurs économiques», a-t-il soutenu, suggérant la mise en place d'un fonds d'investissement et le recours au financement extérieur. «Nous sommes en retard, il faut que l'Algérie se positionne sur ce marché», a concédé Saïd Djellab, représentant du ministère Commerce, évoquant l'élaboration en cours d'une stratégie nationale à l'export.