Le directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce, Djellab Saïd, a affirmé que la stratégie nationale d'exportation est en cours d'élaboration. Le représentant du ministère n'a pas dévoilé ni le contenu de cette stratégie, ni le temps qu'elle va prendre pour son élaboration. Il s'est contenté d'affirmer avant-hier dans la soirée, lors de la tenue de la 1ère édition des rencontres «club export», organisée par le World Trade Center Algérie (WTCA), qu' «on ne va pas inventer des choses, puisque tous les pays émergents ont aujourd'hui cette stratégie d'exportation quinquennale à moyen et à long terme». Il a précisé que cette stratégie doit être une stratégie intégrée qui permet une cohérence et une synergie entre toutes les entités sectorielles. Et d'ajouter que cette stratégie ne peut se faire qu'avec les opérateurs économiques organisés à travers leurs organisations patronales. Le représentant du département de Bakhti Belaïd a par contre évoqué les potentialités du marché africain, en précisant que le marché africain est le seul marché où on enregistre une croissance à deux chiffres. «C'est un marché où la marge de croissance économique est énorme par rapport au marché américain, européen et asiatique, là où il y a une saturation». Il fait savoir à titre d'illustration que le marché africain pour l'agroalimentaire avoisine les 340 milliards de dollars «où l'Algérie peut se positionner ». Et de préciser que ce marché va évoluer. «Il va atteindre 1000 milliards dollars en 2030, selon le rapport de la Banque mondiale», dit-il. Pour Djellab, l'Algérie a tous les atouts pour se positionner sur le marché africain notamment dans l'agroalimentaire, les produits pharmaceutiques, les produits électroniques, le numérique et les services. Pour se positionner de façon forte à moyen et à long terme sur le marché africain, le ministère du Commerce a mis en place une cellule d'écoute pour régler d'abord les problèmes internes qui entravent les actes d'exportation. Et d'affirmer que jusque-là une quarantaine d'exportateurs ont été reçus par ladite cellule. Notre interlocuteur affirme que certains problèmes d'ordre bancaire, législatif et réglementaire ont été résolus, d'autres sont en voie de traitement. Quelle stratégie ? Le vice-président du FCE, Brahim Abdeslam, a regretté le fait qu'à nos jours l'Algérie n'a pas encore écrit sa stratégie d'exportation, contrairement à nos voisins. Le Maroc nous dépasse par rapport à cette question. Le représentant du FCE va plus loin en précisant qu'il ne faudrait pas parler aujourd'hui de stratégie d'export, car c'est une chose dépassée, «il faut plutôt parler de stratégie d'internalisation». Il explique qu'on ne peut pas aujourd'hui exporter sans être présents sur le terrain. Si on n'est de l'autre côté, c'est difficile d'exporter à partir de notre pays. Il dira qu'au lieu d'entendre le même discours depuis des années sur la stratégie d'export, il faut aller directement sur place en renforçant notre présence sur les marchés extérieurs. En citant le marché africain, le représentant du FCE a affirmé qu'il faut l'aborder avec notre présence en Afrique. Autrement dit «écrire tout simplement une stratégie algérienne pour l'Afrique». Et d'ajouter qu'il faut que qu'elle soit une stratégie consensuelle. «Il ne faut pas l'écrire dans des cabinets d'experts et dans des bureaux seulement, mais avec les entrepreneurs qui savent ce qui se passe sur le terrain». Le FCE plaide pour la création d'un fonds d'investissement algérien pour développer l'internalisation vers le marché africain. «Si on n'a pas ce bras financier qui permet d'investir en Afrique, on n'ira pas plus loin», dira-t-il. Et d'affirmer que l'Algérie n'a pas pris un sous de la Banque africaine de développement depuis 2006, pourtant elle est le quatrième contributeur. Et de s'interroger : «Est-ce normal que nous soyons le quatrième contributeur et que ne nous bénéficierons pas d'un accompagnement au profit de nos investisseurs en Afrique par le biais de cette banque africaine ?» Au-delà du Forum africain d'investissement et d'affaires qui est déjà prévu à Alger du 3 au 5 décembre, le FCE nourrit l'idée d'organiser la plus grande rencontre économique africaine dans le continent africain. Il dira qu'au cours de cette semaine au moins deux sommets vont parler de l'économie et le marché africain. Il y a le sommet USA/Afrique et il y aura à Paris le sommet africain 2016, pourquoi pas un sommet africain en Algérie ? L'idée, précise le conférencier, est d'organiser une rencontre économique qui traitera toutes les problématiques de l'économie dans le continent africain et pas seulement une rencontre commerciale. C'est mettre au centre du débat la problématique de la sécurité alimentaire et comment l'Algérie pourra à travers le secteur de l'agroalimentaire répondre aux besoins des pays africains dans le cadre d'un échange gagnant-gagnant. Il dira que la question de la sécurité énergétique nous intéresse notamment le projet de «l'électrification de l'Afrique», c'est un marché de 30 milliards de dollars et qui sont déjà mobilisés par les bailleurs de fonds. Le vice-président a tenu à affirmer qu'une centaine de grandes entreprises africaines a déjà émis le vœu pour participer au forum africain prévu du 03 au 05 décembre de l'année en cours. Cevital s'engage à dégager 3 milliards de dollars d'export par an Le président du groupe Cevital, Issad Rebrab, est intervenu pour affirmer pour sa part qu'il ne faut pas se limiter au marché africain, car il y a des pays africains solvables mais il y a des pays africains qui ne le sont pas. En relatant l'expérience de son groupe, le patron de Cevital a affirmé que son groupe exporte du sucre vers 28 pays dans le monde. Et d'ajouter que son groupe «exporte 60% sur 80% de notre production en verre plat en Europe et 20% vers les pays voisins (Tunisie et le Maroc)». De même pour l'exportation de produits électroménagers. Issad Rebrab a affirmé que l'Algérie peut facilement passer du statut d'importateur au statut d'exportateur en matière de produits électroménagers tout en modernisant les ports commerciaux. Il a évoqué également l'expérience de son groupe qui avait racheté Brandt et OXXO. Une démarche qui a permis de sauver des emplois en France mais de créer le double voire le triple des postes d'emploi en Algérie. Le rachat d'entreprises en faillite en Europe a permis à Cevital d'utiliser le réseau de distribution à l'international de ces entreprises en faillite. Un rachat qui a permis également à Cevital de bénéficier de brevets de ces entreprises et de bénéficier des marques prestigieuses de renommée mondiale. Le patron de Cevital affirme que son groupe a bénéficié à l'issue de ces rachats de 1300 brevets avec quatre marques de renom (Sauter, Vedette, De Dietrich, Brandt). Sachant, selon Rebrab, que constituer un réseau de distribution à l'international prend beaucoup temps, idem pour les brevets. Cette démarche a permis au groupe à promouvoir davantage ces exportations. Confiant, Issad Rebrab affirme que son groupe a décidé de dégager plus de 3 milliards d'exportation d'ici trois ans. Il a dans sa conclusion affirmé que notre pays a toutes les capacités de produire des produits de qualité et compétitifs en prenant en compte la logistique. La logistique, précise le patron de Cevital, n'est pas uniquement les entreprises mais aussi l'environnement.