Les employés de l'usine de détergents n'ont pas été payés depuis trois mois. La tension est montée d'un cran hier au complexe industriel Enad de Sour El Ghozlane, lorsque des centaines de travailleurs ont décidé de barricader le CW127 en guise de protestation contre le retard dans le paiement de leurs salaires. En effet, les travailleurs, qui ne sont pas à leur première action de rue, ont bloqué la circulation dans les deux sens. Des renforts de la Gendarmerie nationale ont été dépêchés sur les lieux, a-t-on constaté sur place. L'entreprise spécialisée dans la production de produits détergents et d'entretien emploie plus de 400 ouvriers. «Nos salaires n'ont pas été versés depuis trois mois», tonne un protestataire. La situation de l'entreprise, qui était dans un passé récent le fleuron de l'économie locale, se débat dans des problèmes financiers énormes. La production a été par ailleurs suspendue depuis plusieurs jours. Le complexe est désormais dans le noir et ce, après que la société de distribution (SDC) ait procédé à la coupure de l'alimentation en énergie électrique et du gaz industriel, pour non payement des factures. Craignant pour le devenir du complexe, les travailleurs protestataires ont réclamé des responsables de l'usine des explications. «La SDC de Bouira a coupé l'énergie sans préavis», dénonce-t-on. Le montant de la facture impayée est évalué à douze millions de dinars. Selon des informations recueillies auprès des responsables de l'Enad, un compromis a été trouvé entre les deux parties et la direction du complexe a pris l'engagement d'honorer la facture suivant un calendrier établi par la SDC. Le courant électrique a été rétabli hier en fin d'après-midi, a précisé le DG de l'Enad. Cependant, d'importantes quantités de matières premières, comme le soufre concentré, ont été exposées au risque de vol, pour cause d'absence d'électricité. Questionné, le DG du groupe ENAD, M. Salhi, a précisé que la situation actuelle de l'entreprise est catastrophique. «Les bilans sont négatifs. Les créances des fournisseurs s'élèvent à 8 millions de dinars», déplore-t-il, en rappelant que l'entreprise se débat depuis des années dans des situations complexes. Le responsable a annoncé que même les investissements décidés par le groupe n'ont pas été réalisés par ses prédécesseurs, accuse-t-il, en confirmant que le plan de restructuration du groupe Enad, décidé par le gouvernement n'a pas fonctionné.