Dans le milieu rural notamment, où le tissu industriel est inexistant, le chômage s'est exacerbé au point d'atteindre la cote d'alerte. Battant en brèche la version officielle qui fixe le taux du chômage dans la wilaya entre 12 et 15%, de nombreux citoyens interrogés ont martelé que «le fléau, chez les jeunes, particulièrement, égale, sinon dépasse la barre des 70%». Dans certaines régions montagneuses enclavées, les estimations sont plus alarmantes, puisqu'elles avancent que «le pourcentage est de l'ordre de 90%, voire 100%». L'affirmation est de B. Abdelhamid, un instituteur rencontré dans un café populaire à Chigara. Ce dernier a martelé que «dans cette commune isolée du nord, tout le monde est chômeur. Les investissements générateurs d'emplois et de richesses sont inconnus dans notre région. Et puis, vous n'avez qu'à regarder ces dizaines de jeunes entassés dans les cafés à longueur de journée pour mesurer l'ampleur du mal». Aux fins fonds montagneux de la wilaya, plusieurs autres localités, comme Beinen, Tassala Lamtaï, Tassadane Haddada, Layadi Barbès, en passant par Minar Zaraza et Amira Arrès, sont laminées par l'absence de perspectives d'emploi. «Lorsque des diplômés universitaires allongent, chaque année, les listes des sans-emploi, que dire alors de ceux qui n'ont pas de qualification et de compétence professionnelle ?», a martelé T. Mounir, niveau terminale, converti en vendeur de tabac. Des personnes questionnées ont souligné, par ailleurs, que «de nombreux jeunes vivotent grâce à la vente de bibelots et de fruits et légumes sur la place publique, ainsi que les maigres opportunités offertes par les travaux de manutention dans les champs de maraîchage».